
Des entreprises françaises se sont réunies à Paris pour parler des efforts de reconstruction de l’Ukraine pendant et après la guerre. La France souhaite occuper le devant de la scène pendant la phase de reconstruction.
Lors de la conférence internationale à l’initiative de 47 États et du secrétaire général des Nations Unies mardi 13 décembre dernier à Paris, 700 entreprises françaises s’étaient jointes pour affirmer leur volonté de jouer un rôle dans le processus de reconstruction de l’Ukraine. Cette réunion était la deuxième session d’une journée consacrée à la guerre en Ukraine, dix mois environ après l’invasion du pays par la Russie.
Dans la matinée, les délégations de 47 pays et de nombreuses organisations internationales s’étaient réunies au ministère des Affaires étrangères pour promettre un milliard d’euros de subventions et de matériel et permettre au pays déchiré par la guerre de passer l’hiver. Les chefs d’État ont souligné que cette aide était particulièrement nécessaire depuis que la Russie avait commencé à cibler les infrastructures civiles.
«Chaque fois qu’un territoire est reconquis, la reconstruction doit commencer immédiatement», a déclaré le Président Emmanuel Macron au ministère de l’Économie, s’adressant aux entrepreneurs et à une délégation ukrainienne comprenant le Premier ministre Denys Shmyhal et le Président ukrainien Volodymyr Zelensky par liaison vidéo. «L’économie ukrainienne doit rester solide, car elle sera l’épine dorsale du processus de reconstruction», a-t-il ajouté.
L’Élysée avait déclaré à la presse, avant la conférence, que l’idée était de «reconstruire en mieux» l’Ukraine, par exemple dans les domaines de la technologie et de l’économie verte. Au cours de la réunion, les entrepreneurs ont commencé à établir des feuilles de route dans les domaines de l’énergie, de l’agriculture, de l’approvisionnement en eau, de l’informatique et de la santé. Les parties française et ukrainienne ont conclu des accords d’une valeur de 100 millions d’euros pour la fourniture de rails, de ponts mobiles et de semences.
Les deux pays ont également créé un fonds de démarrage franco-ukrainien doté d’un apport initial de 100 millions d’euros. «C’est une très bonne nouvelle» pour Dominique Piotet, responsable de La French Tech Kyiv, une association regroupant 30 start-ups. «Le secteur technologique ukrainien offre des opportunités d’investissement extraordinaires et le pays est à seulement trois heures de vol de Paris. Mais jusqu’à présent, la France ne l’avait pas compris – seuls quelques pourcentages de l’argent investi dans le secteur technologique sont français, 90% de cet argent provient des États-Unis», a-t-il déclaré.
La France est le premier employeur étranger en Ukraine
Bruno Le Maire, ministre français des Finances, et Denys Shmyhal, Premier ministre ukrainien, lors d’une conférence de presse à Paris, ont conclu des accords d’une valeur de 100 millions d’euros pour la fourniture de rails, de ponts mobiles et de semences.
Sébastien Garnault estime que la réunion a marqué un tournant. Il dirige l’initiative du secteur privé Cybertaskforce, basée à Rennes, qui regroupe 50 entreprises actives dans le secteur numérique. «Cette conférence est un appel à la société civile et aux entreprises pour qu’elles s’impliquent en Ukraine – jusqu’à présent, le gouvernement ne l’avait jamais dit aussi clairement. Nous sommes déterminés à soutenir ce pays qui est agressé par un autre – nous pouvons, par exemple, fournir des formations numériques et apporter notre aide dans le domaine de la cybersécurité», a-t-il insisté.
La France n’est que le quatrième importateur de l’Ukraine parmi les pays de l’UE, selon les chiffres 2019 du gouvernement français. Pourtant, Bertrand Barrier affirme qu’il y a des raisons de croire que les entreprises françaises joueront un rôle important dans le processus de reconstruction.
Il est à la tête de la Chambre de Commerce franco-ukrainienne, qui représente 160 entreprises françaises faisant des affaires en Ukraine. «Les entreprises françaises sont le premier employeur étranger d’Ukraine, avec un total de 30 000 employés. Et la plupart de ces entreprises ont continué à fonctionner depuis le début de la guerre», a-t-il déclaré.
Les entreprises françaises sont particulièrement actives dans les secteurs agricole et pharmaceutique de l’Ukraine. Parmi celles qui poursuivent leurs activités dans le pays figurent les sociétés de cosmétiques L’Occitane et Caudalie et la société de soins capillaires Rene Furterer.
Toutefois, Philippe Crevel, économiste et directeur du Cercle de l’Epargne, un groupe de réflexion basé à Paris, estime que les entreprises françaises ne seront peut-être pas les principaux acteurs du processus de reconstruction.
«Les entreprises du monde entier sont dans une course pour contribuer à l’effort de reconstruction de l’Ukraine et les Américains sont susceptibles d’obtenir la plus grande part également, car le pays a fortement soutenu l’Ukraine politiquement et militairement depuis le début de la guerre» a-t-il fait remarqué. Il a toutefois ajouté qu’il était bien sûr toujours logique que la France prenne part à cette course.