Les chefs d’entreprise des États-Unis, du Canada, du Japon et d’Inde ont dit au gouvernement britannique de résoudre le problème Brexit de toute urgence au risque de mettre en danger plus de 100 milliards de livres sterling de commerce.
Les groupes de pression représentant les intérêts des entreprises des quatre pays ont pris l’initiative inhabituelle de publier une déclaration commune au sujet du Brexit avant le sommet du Conseil européen de cette semaine. Ce communiqué est arrivé quelques jours après qu’Airbus ait déclaré que son investissement au Royaume-Uni serait menacé par un «Brexit dur», ce qui a incité le ministre de la Santé, Jeremy Hunt, à dire que l’intervention du constructeur franco-allemand était «tout à fait inappropriée». Le Premier ministre irlandais prévient que le Royaume-Uni pourrait s’effondrer hors de l’UE sans l’accord Brexit si aucun progrès n’est réalisé rapidement.
Des groupes représentant des géants du secteur privé, dont Nissan, Bombardier et Facebook, ont exprimé lundi leurs inquiétudes quant au fait que la Grande-Bretagne se dirigeait vers un départ désordonné de l’UE, affectant potentiellement plus de 100 milliards de livres sterling dans le commerce et mettant en danger l’investissement au Royaume-Uni.
«Les entreprises internationales, qui sont fortement investies à la fois dans l’UE et au Royaume-Uni, appellent à des progrès urgents sur les questions clés qui restent en suspens dans les négociations», ont-ils déclaré. «Il devient de plus en plus urgent de résoudre le plus grand nombre possible des problèmes qui subsistent». L’horloge tourne vers la date limite d’octobre pour un accord de retrait définitif.
La CCI Américaine auprès de l’UE s’inquiète aussi des pertes pour les entreprises qu’elle représente
La déclaration a été signée par la Chambre de commerce américaine auprès de l’UE, représentant des entreprises telles que Boeing, Exxon Mobile, Facebook, Dell, Coca-Cola et FedEx. Il a également été signé par la Table ronde Canada-Europe pour les entreprises, la Chambre de commerce Europe-Inde et le Japan Business Council in Europe.
La déclaration reconnaît la complexité de la recherche d’une solution pour la frontière irlandaise, mais demande instamment à l’UE et au Royaume-Uni de continuer à essayer de trouver un accord sur la question.
Dans l’intervalle, ils ont exhorté les décideurs politiques à « consacrer du temps et de la réflexion lors du prochain sommet » pour aborder les questions en suspens, y compris le rôle de la Cour de justice européenne, le futur régime réglementaire Royaume-Uni-UE et la préparation à l’après-Brexit.
«La conclusion d’un accord sur ces questions donnera aux entreprises une plus grande confiance dans le fait qu’un accord de retrait peut être conclu et ratifié, offrant ainsi une sécurité juridique pour la période de transition proposée et évitant le pire des scénarios en mars 2019», selon le communiqué.
Elle reflète la frustration croissante des entreprises face à l’absence d’une stratégie Brexit claire, deux ans après le référendum.
Dans la foulée des commentaires d’Airbus, BMW a déclaré qu’elle avait besoin de clarté sur les négociations Brexit «dans les deux prochains mois». Les constructeurs automobiles devraient lancer un nouvel avertissement fort à propos de Brexit lors d’une réunion de la Society of Motor Manufacturing and Traders (SMMT) mardi.
L’industrie automobile emploie plus de 800 000 personnes au Royaume-Uni et l’ambassadeur du Japon a averti Theresa May que les entreprises de son pays quitteront la Grande-Bretagne si un Brexit bâclé fait qu’il n’est pas rentable de rester.
Koji Tsuruoka avait déclaré au Premier ministre plus tôt cette année que s’il n’y a pas de rentabilité de l’exploitation continue au Royaume-Uni… aucune société privée ne pourrait poursuivre ses activités. Lui et le patron sortant de BMW prendront la parole à la conférence SMMT.
L’ambassadeur du Japon avertit «qu’il n’y aura pas de meilleur accord que le marché unique»
Les intérêts commerciaux du Japon au Royaume-Uni comprennent Nissan, Mitsubishi, Panasonic et Honda, avec un commerce avec le Royaume-Uni d’une valeur de 46 milliards de livres sterling. Nissan, Toyota et Honda ont commencé leurs opérations au Royaume-Uni dans les années 1980 et construisent aujourd’hui près de la moitié des 1,7 million de voitures produites au Royaume-Uni l’année dernière.
L’industrie automobile craint que si le Royaume-Uni ne reste pas dans le marché unique, il sera frappé par des retards coûteux dans la livraison des composants en provenance de l’UE.
Le commerce d’importation et d’exportation de l’Amérique avec le Royaume-Uni vaut environ 43 milliards de livres sterling, mais c’est aussi un gros investisseur dans les affaires avec une forte présence au Royaume-Uni dans les secteurs de la technologie, des produits pharmaceutiques et du transport.
Les intérêts commerciaux du Canada au Royaume-Uni comprennent l’usine d’ailes d’avions Bombardier à Belfast, qui a récemment été sauvée de milliers de licenciements après avoir remporté une contestation judiciaire dans un différend commercial avec son rival américain Boeing et l’administration Trump.
Le Royaume-Uni se classe au deuxième rang des partenaires commerciaux du Canada après les États-Unis, avec des échanges bilatéraux d’une valeur de 27,1 milliards de dollars canadiens (15 milliards de livres sterling). Les exportations de l’Inde vers le Royaume-Uni sont évaluées à environ 9 milliards de dollars US (6,79 milliards de livres sterling), les machines et les vêtements étant parmi les produits de la plus grande valeur.