Les touristes au Pérou, qui dépensent en moyenne 1 040 dollars (750 euros) durant leur séjour, auront apporté au pays, au cours des quatre dernières années, plus de 9 milliards de dollars (6,5 milliards d’euros) et, en 2010, le secteur devrait représenter 7,4 % du PIB national. « Aujourd’hui, le tourisme, à travers ses diverses expressions que ce soit l’artisanat ou la gastronomie est devenu l’une des activités les plus génératrices d’emploi et de devises pour le pays », se réjouit Oscar Zapata, le président de Perucamaras, qui rassemble 62 chambres de commerce péruviennes.
L’IEDEP affirme ainsi qu’en 2010, le tourisme fournit 6,8 % de l’emploi et 9,2 % des investissements dans les diverses régions du pays. Satisfait de la hausse du tourisme, Oscar Zapata est malgré tout conscient que 2,2 millions de visiteurs par an pour un pays aussi riche archéologiquement et culturellement est un résultat assez faible par rapport à un pays comme la France (74 millions de touristes étrangers en 2009).
« Il faut bien considérer qu’il y a pas si longtemps, certaines régions n’avaient ni hôtels ni voies de communicationà offrir », rappelle le président de Perucamaras pour qui le tourisme est à l’origine du développement de nombreuses zones : « Face à l’arrivée massive des touristes, le pays s’adapte et créé son infrastructure. »
Pour les chambres de commerce péruviennes, le moteur de ce développement réside dans le tourisme interne. La majorité des visiteurs se mobilisant dans le pays sont ainsi des Péruviens (60 %, contre 40 % d’étrangers en 2009) de plus en plus nombreux à voyager. Un résultat encourageant au bénéfice des campagnes lancées par le gouvernement. Depuis plusieurs années, les fonctionnaires ont ainsi droit à des « ponts », leur permettant d’avoir plusieurs jours libres et donc d’organiser un voyage.
Cette stratégie a porté ses fruits et le tourisme national s’est développé dans cet immense pays souvent méconnu par ses propres habitants. « Promouvoir le tourisme interne » semble donc être le nouveau leitmotiv. « Le tourisme est une activité décentralisée qui inclut une grande partie de la société. C’est pourquoi il est très important pour nous d’impulser ce type d’initiatives parmi nos associés, car nous croyons fermement à la décentralisation productive, dans un pays jusque-là centré sur Lima et, en ce qui concerne le tourisme, sur Cusco », insiste Oscar Zapata.
Le président de Perucamaras défend la nécessité d’améliorer la qualité des services offerts au Pérou, tant au niveau de l’hébergement et de la restauration que des agences de voyage. « C’est la condition pour recevoir plus de touristes », insiste le président de la Chambre de Lima, Carlos Durand, qui prône un meilleur échange et une meilleure connectivité entre les régions.
Les Péruviens travaillent ainsi à la mise en place de nouvelles routes touristiques dans le nord du pays, mais aussi en Amazonie, comme une alternative à la fameuse « route andine du sud » qui inclut le Machu Picchu et le Lac Titicaca. Depuis peu, les chambres de commerce se tournent aussi vers la gastronomie péruvienne, dont le récent succès national et international a permis l’essor d’une nouvelle offre touristique dite « gastronomique ». Un secteur en pleine croissance qui représenterait déjà,
selon la CCL, 5 % de l’offre totale touristique.
Pour que le Pérou redevienne un hub en Amérique latine
« Avant, les gens venaient au Pérou pour se rendre sur le reste du continent », souligne Luis Torres, le directeur national du commerce extérieur au ministère du Tourisme. Pour lui, le pays andin « a aujourd’hui les moyens de reprendre sa place de hub en Amérique latine ». « Nous offrons près de 500 vols par semaine vers le reste de l’Amérique du Sud et nous sommes à moins de 4 heures des principales capitales latino-américaines », s’enthousiasme Luis Torres, qui rappelle encore que le Pérou « représente un point de passage intermédiaire entre le Mexique et le Chili, ce qui est très important pour les entrepreneurs,car cela leur permet d’agencer leur calendrier entre les différents pays et de perdre moins de temps dans les transports ».
Le Pérou est aussi en train d’évaluer un procédé d’importation temporaire de matériel à travers un passeport réservé à la marchandise des entrepreneurs. « Cela leur permettra de voyager avec leurs échantillons et marchandises pour qu’ils puissent participer aux foires que nous organisons », explique Luis Torres. Quelque 15 % des étrangers arrivant au Pérou viennent ainsi en voyage d’affaires.