Alors qu’elles peinent à trouver un modèle économique fiable et la considération des pouvoirs publics, les CCI de France sont-elles les mieux disposées pour accompagner et assister les entreprises ?

Tandis que les gouvernements qui se succèdent ne cessent de faire baisser leurs subventions, les Chambres de commerce et d’industrie françaises cherchent par tous les moyens possibles de survivre et mettre en avant les services qu’elles proposent aux entreprises. Mais le mal d’amour dont elles souffrent de la part des politiques et de l’opinion publique, n’est-il pas le reflet d’un manque de discernement, de pertinence et d’anticipation de leur part ? Et cela n’est-il pas problématique dès lors que l’on prétend accompagner et valoriser le tissu entrepreneurial français ?

Pourquoi si peu de considération ?

Depuis plusieurs années les CCI de France qu’elles soient régionales, départementales ou nationale voient se réduire à peau de chagrin les subventions qui leur étaient attribuées via des taxes obligatoires sur les entreprises françaises, quand bien même la plupart d’entre elles ne faisaient pas nécessairement appel aux services d’une Chambre. Les ambitions politiques de ces dernières années étant d’alléger la longue liste de cotisations des sociétés, celle dédiée aux CCI a été impactée à maintes reprises. Ce premier point n’est-il pas déjà une piste d’interrogation sur l’efficacité réelle des CCI ? N’est-ce pas là le constat des instances dirigeantes sur la valeur intrinsèque des Chambres ? En effet si leur performance à faire fructifier l’écosystème entrepreneurial n’était plus à démontrer, pourquoi les affaiblir, pourquoi leur couper l’herbe sous le pied alors que la priorité des gouvernements reste avant tout la création d’entreprises et donc la création d’emplois.

Les CCI se sont-elles remises en cause suffisamment tôt ?

Dans les couloirs du Pouvoir mais aussi chez les institutions qui collaborent directement avec les CCI, les appréciations à propos des Chambres ne sont pas toujours très valorisantes : «Elles travaillent à l’ancienne», «Elles permettent à leurs dirigeants de faire passer de bons restaurants en notes de frais» et bien entendu le récurrent «Elles coûtent trop cher». De quoi remettre sérieusement le futur des Chambres de commerce et d’industrie (CCI) en question. Il faut dire que la «sécularisation» des CCI françaises (la première est née en 1599 à Marseille) les a probablement encouragé dans le conformisme et le conservatisme. Trop de certitude les a empêché de se remettre en cause et de ne pas se pencher suffisamment tôt sur les changements et évolutions qu’elles auraient dû entamer depuis bien longtemps. Bref elles n’ont pas pris le train en marche et se retrouvent aujourd’hui dans une situation qui se rapproche presque d’une «faillite». Et c’est sans compter sur les autres symptômes qui ne leur rendent pas justice comme les guerres d’égo dans certaines Chambres pour le siège de Président (voir nos articles sur la CCI du Gard).

La pertinence des services est-elle à ce point évidente ?

Dès lors, les questions que nous sommes en droit de nous poser sont les suivantes : est-ce que les Chambres de commerce et d’industrie sont les mieux placées pour aider, accompagner et assister les entreprises et développer la création d’entreprises en France ? Est-ce que des organismes qui n’ont pas anticipé suffisamment tôt ce qui allait leur arriver, qui se retrouvent en situation précaire et doivent licencier à tours de bras et vendre leurs biens immobiliers, sont les alliés idoines pour les entreprises ? Est-ce que ces mêmes organismes qui se voient tourner le dos par les décideurs de Bercy, qui essaient tant bien que mal de trouver de nouveaux partenaires pour survivre (les Chambres de Métiers et de l’Artisanat notamment) sont à ce point efficaces pour se prévaloir d’être un moteur pour le tissu économique ? Et si, dans un avenir pas si lointain, les entreprises françaises devaient se tourner vers d’autres interlocuteurs ? Car la certitude qu’il y ait encore des CCI en France dans 10 ans, se réduit un peu plus chaque jour.