L’objectif de l’accord signé le 24 octobre par les CCI du nord du Pérou et du sud de l’Équateur est de « renforcer les relations commerciales », mais aussi d’ »établir les directives, le cadre de coopération et le renforcement des institutions » entre les chambres frontalières des deux pays, précise le document. « Cette convention va nous permettre d’approfondir les relations qui existent de part et d’autre de la frontière », salue Jorge Vergara, le président de la Chambre de commerce de Cajamarca, au nord du Pérou, qui assure qu’ « il y a un grand intérêt de la part de la population à renforcer les liens de commerce et de tourisme entre les deux pays. (…) Il faut comprendre que les peuples du Pérou et de l’Équateur sont très similaires. Nous partageons une histoire, une géographie, une langue, une religion… », insiste l’entrepreneur, qui juge les relations entre les deux pays en constante amélioration depuis 1998 et la signature des accords de paix.
« À partir de cette date, tous les gouvernements, équatorien comme péruvien, ont promu l’intégration à travers les sommets présidentiels, par exemple », note Jorge Vergara. Les relations entre le Pérou et l’Équateur sont en effet au beau fixe depuis plusieurs années. Mettant de côté leurs orientations politiques différentes, l’ancien président péruvien Alan Garcia (libéral) et le chef de l’État équatorien Rafael Correa (gauche) ont ainsi multiplié les échanges durant leurs mandats. L’élection d’Ollanta Humala, connu pour ses affinités avec M. Correa, devrait renforcer une relation devenue importante pour les deux pays. L’ambassadeur équatorien à Lima, Diego Ribadeneira, a même revu ses pronostics à la hausse en cours d’année. Alors qu’il avait annoncé, en janvier, que le commerce bilatéral pourrait atteindre 2,6 milliards de dollars (1,93 milliard d’euros) en 2011, un résultat qui dépassait déjà le niveau d’échanges record atteint en 2010 (2,3 milliards de dollars, soit 1,71 milliard d’euros), il a assuré fin juillet que le dynamisme des échanges durant le premier semestre permettait de prévoir une croissance supérieure aux 10% initialement prévus et envisager un montant total des échanges avoisinant les 3 milliards de dollars (2,23 milliards d’euros).
Selon l’ambassadeur, le renforcement des relations politiques et commerciales entre les deux pays devrait même permettre au commerce bilatéral d’augmenter d’au moins de 25% par an durant le prochain quinquennat. « Il n’y a pas que le chiffre du commerce qui augmente, mais aussi le volume des exportations entre les deux pays », souligne M. Ribadeneira. Ces résultats exigent cependant un plus grand investissement dans les infrastructures unissant les deux pays, estime tous les spécialistes. « À Cajamarca, il y a par exemple beaucoup de gens qui souhaiteraient aller faire du tourisme à Guayaquil, en Équateur (40 minutes en avion au nord, ndlr) ; mais pour ce faire, il faut obligatoirement passer par Lima qui est à 1 h 30 d’avion au sud du pays, c’est trop de frais et cela n’a pas de sens », dénonce Jorge Vergara, qui prône, comme l’ensemble des chambres signataire de la Convention, la mise en place d’une ligne aérienne.
« Il nous faut trouver aussi une plus grande connexion routière, car jusque-là, le développement des infrastructures s’est fait sur la côte pacifique autour de la grande route panaméricaine », souligne M.Vergara. La région de Cajamarca, située au cœur des Andes péruviennes, promeut de fait la construction d’une grande route transandine, similaire à la Panaméricaine. Une route qui permettrait de développer les parties andines et amazoniennes que partagent aussi le Pérou et l’Équateur. Renforcer la connexion dans les zones frontalières devrait donc être un axe de travail retenu par les chambres de commerce du nord du Pérou et du sud de l’Équateur qui se sont engagés à travers la convention, à coordonner ensemble un plan annuel de travail mettant l’accent sur le commerce, le tourisme, les investissements, l’activité industrielle et les services. Pour ce faire, les chambres de la zone frontalière auront un représentant par pays. « Il y a tellement de projets à développer… Nous pourrions même faire des consortiums d’exportation binationale afin de conquérir des grands marchés comme la Chine », s’enthousiasme alors Jorge Vergara, qui, comme de plus en plus de Péruviens, voit dans son voisin du nord un monde d’opportunités.