Les budgets des CCI de France sont en partie composés par l’argent collecté via la «Taxe pour frais de chambre» prélevée aux entreprises, ce qui compose une part importante de leurs ressources; une part qui ne cesse de se restreindre années après années : «Depuis 2010, l’État a décidé de baisser la part qui nous était allouée. Mais le montant de la taxe n’a pas baissé pour les entreprises» explique Thomas Chardard (voir photo), président de la CCI du Lot.
A l’époque de l’élection de Thomas Chardard à la présidence de la Chambre consulaire du Lot, en 2009, l’institution pro-entrepreneuriale récoltait 2,650 millions d’euros via cette taxe. En 2018, elle n’en récolte plus que 1,407 millions. Car sur 100 euros récoltés par la taxe pour frais de chambre, la part qui revient à la CCI n’est désormais plus que de 46 euros, le reste allant directement dans les caisses de l’Etat.
Mais jusqu’où ira cette baisse ?
Face à ce tarissement spectaculaire la CCI du Lot, comme l’ensemble des CCI, n’a pas d’autre choix que de faire des économies et de sérieux efforts pour garder un équilibre financier. Et cela se traduit malheureusement d’abord par une baisse significative des effectifs, les chiffres parlent d’eux-mêmes: en 2014 la CCI du Lot avait 41 salariés, en 2018 elle n’en a plus que 23. Moins de personnel signifie de fait, moins de missions comme le reconnait Thomas Chardard qui met désormais des locaux appartenant à la CCI en location pour récupérer là où il le peut des ressources financières complémentaires. Mais cela ne suffit pas.
Et les dernières annonces de Bruno Le Maire de taper plus encore là où ça fait déjà mal (voir notre précédent article), font l’effet d’un verdict sans appel pour une fin annoncée. En effet les 100 millions de restrictions annoncés sur 4 ans à partir de 2019 par Bercy, amènerait la CCI du Lot, selon son président, à ne recevoir plus que 404 000 euros en 2022. Un budget dérisoire pour une CCI qui risque de se retrouver pieds et poings liés pour rendre service à son département et ses concitoyens.
Une action de communication pour interpeller
Les actions de concertation et d’interpellation entreprises par les CCI se multiplient à travers tout le territoire national. Ont-elles un écho auprès de l’opinion publique ? La réponse reste incertaine et le débat ne s’est pas vraiment emparé des grandes ondes médiatiques, une raison pour laquelle les CCI de la région Occitanie ont décidé de ne rien lâcher et de faire elles aussi leur propre campagne d’indignation avec notamment le hashtag #Pourquoinousarrêter? qu’elles sèment sur leurs différents réseaux. Mais un hashtag ne suffit pas et Thomas Chardard a décidé depuis le 25 juillet de fermer l’accueil de la CCI tous les mercredis : «On a décidé de manifester notre mécontentement. On va se mettre en mode dégradé. C’est une première mesure. On va monter en puissance en menant peut-être une action sur les centres de formation. Une rencontre avec le préfet du Lot est prévue début septembre avec le personnel de la CCI.»
Thomas Chardard va même plus loin dans son engagement puisqu’il compte remettre son mandat de Président de la CCI du Lot lors de cette entrevue avec le préfet local: «Je ne vois pas encore ce que je peux faire pour économiser un million d’euros. Je ne suis pas venu pour licencier. J’ai décidé de remettre mon mandat au préfet le 31 décembre si jamais je suis obligé d’appliquer ces décisions.»
Les CCI régionales et départementales peuvent-elles seulement compter sur CCI France pour faire valoir et relayer leurs campagnes d’indignation ?