Après s’être effondré en 2009, le commerce mondial a, selon le dernier rapport de l’organisation mondiale du commerce (OMC), enregistré en 2010 une augmentation annuelle sans précédent. Soutenues par une reprise de 3,6 % du produit intérieur brut (PIB) mondial, les exportations de marchandises ont fait un bond de 14,5 %. La croissance de la production et du commerce a été plus rapide dans les pays en développement que dans les pays développés. Les exportations en volume (c’est-à-dire en termes réels, compte tenu des variations des prix et des taux de change) ont progressé de 13 % dans les pays développés et de près de 17 % dans les pays en développement.
L’écart entre les pays développés et les pays en développement a été encore plus marqué du côté des importations, celles des pays développés ayant augmenté de 11 % contre 18 % dans le reste du monde. La Chine, en particulier, a largement contribué à la reprise du commerce mondial en 2010, ses exportations ayant augmenté de 28 % en volume et ses importations de plus de 22 %. Avec 10 % des exportations mondiales, la Chine est devenue le principal exportateur devant les États-Unis (8 % du total mondial), l’Allemagne (8 % du total), le Japon et les Pays-Bas.
Pour autant cette embellie est à nuancer. En effet, le commerce international ne retrouve pas sa tendance positive de long terme. « Malgré le rebond, les effets négatifs de la crise financière et de la récession mondiale risquent de se faire sentir encore pendant quelque temps » explique l’OMC. Ensuite, les perspectives ne semblent pas favorables. Ainsi, le commerce mondial devrait nettement ralentir cette année, indiquait l’OMC dès avril.
Par ailleurs, l’organisation note une augmentation constante des accords bilatéraux passés dans le monde. Ils sont environ au nombre de 300 aujourd’hui et ont été multipliés par 4 au cours des vingt dernières années. Alors que le cycle de Doha sur la libéralisation du commerce initié il y 10 ans s’enlise, l’OMC s’interroge sur les raisons de ce succès.
Pour Pascal Lamy, directeur général de l’organisation « cela pose des questions cruciales quant à l’orientation et à la portée de l’OMC, et à la valeur que les gouvernements attachent aux relations commerciales mondiales ». En réalité, pour les uns, l’importance croissante de ces accords est le signe de la faillite du multilatéralisme, tandis que pour les autres, ils sont des compléments régionaux utiles. L’OMC adopte une vision médiane : « Les approches régionales et multilatérales de la coopération commerciale ne sont pas nécessairement incompatibles, mais ne peuvent pas non plus être considérées simplement comme des substituts. »
Enfin, bonne nouvelle, si un nouvel accord sur la libéralisation du commerce peine à s’imposer, la coopération internationale pour aider les pays les moins avancés à s’intégrer au commerce international a progressé en 2010 en dépit d’une conjoncture fragile. Alors que les USA ont vu leur note abaissée par Standard & Poor’s en raison de leur endettement, les économies émergentes doivent désormais s’impliquer davantage dans le financement de l’aide au commerce, a prévenu l’OMC.