Pour la première fois depuis le déclenchement de la crise financière en 2008, l’organisme en charge des chambres de commerce outre-Manche, le BCC, a relevé à la hausse les perspectives de croissance de l’économie britannique pour les trois prochaines années. Le BCC table donc désormais sur une croissance de 0,9% pour cette année, alors qu’elle anticipait jusqu’à présent 0,6%, puis 1,9% en 2014 (1,7% attendu précédemment) et 2,4% pour 2015. Ces nouvelles prévisions de croissance viennent donc soutenir l’idée d’une reprise de l’économie britannique qui, au cours du premier trimestre 2013, a enregistré une hausse de 0,3%.
L’industrie des services devrait ainsi assurer une reprise durable de l’économie britannique avec une croissance attendue à 1,8% pour cette année, puis respectivement à 2,3 et 2,5% en 2014 et 2015. « La révision à la hausse de nos prévisions est encourageante » a commenté John Longworth, directeur général du BCC, « malheureusement, cela ne modifie pas le fait que la croissance économique est toujours trop faible et que le rythme de la reprise va demeurer beaucoup trop lent pendant encore quelque temps ». L’organisme espère que la Spending Review, une révision des dépenses que doit présenter le chancelier de l’économie britannique ce mois-ci, sera l’occasion d’annoncer de nouveaux plans de soutien aux entreprises.
John Longworth rejoint donc la position du fonds monétaire international (FMI) qui a exhorté fin mai le gouvernement britannique à soutenir les projets d’infrastructure. Car la reprise peut s’avérer très fragile, en particulier si les foyers ne continuent pas à consommer pour cause de chômage. Selon le BCC, le nombre de salariés sans emploi devrait atteindre 2,650 millions de personnes au troisième trimestre 2014, soit 50 000 de plus que l’organisme avait anticipé en mars dernier et un total de 8,1% de la population active. Pour compenser cette situation, le recul continu des chiffres de l’inflation, attendu en particulier à compter du troisième trimestre 2013, devrait permettre de soutenir la consommation : le BCC table sur une croissance des dépenses des foyers à hauteur de 1,3% en 2013, puis 2% en 2014 et 2,4% en 2015.
La crise de la zone euro devrait continuer à impacter durablement les exportations britanniques et le BCC anticipe une baisse des volumes à hauteur de 0,5% cette année. «Les deux principaux risques pouvant venir contredire nos projections sont la détérioration des conditions économiques dans la zone euro et un retour à la hausse de l’inflation, ce qui aurait pour effet de comprimer les revenus des foyers britanniques et nuirait à la croissance », explique David Kern, économiste en chef auprès du BCC, «toute tentative de booster les exportations en encourageant une livre faible comme par exemple au travers de la politique d’assouplissement monétaire – pourrait se révéler contre-productive dans la mesure où les dégâts causés par une inflation importée risquent de l’emporter sur les faibles bénéfices aux exportateurs » conclut-il.