Pour John Longworth, les difficultés rencontrées par le Royaume-Uni n’ont rien à voir avec l’absence de créativité et de compétitivité des PME britanniques. À l’occasion du discours d’ouverture de la conférence annuelle du BCC, le 14 mars dernier, le directeur général du BCC a rassuré sur l’état de santé des entreprises de taille moyenne au Royaume-Uni : « Quand je vais à la rencontre d’entreprises au travers du pays et que je parle à de jeunes entrepreneurs qui me disent «C’est dur, mais on s’en sort », là, je me dis avec certitude : oui nous possédons ce dont nous avons besoin ».
Si le terreau est fertile, le Royaume-Uni manque cependant d’un grand élan de croissance, selon John Longworth, qui a appelé de tous ses vœux à une relance massive de projets d’infrastructure d’envergure dans le pays : «nous voulons voir de nouvelles routes et de nouvelles voies ferrées, des dispositifs nationaux aussi bien que régionaux. Le développement de ports et d’aéroports, de telle sorte que nous ayons bientôt un accès global ». Or, l’état des finances britanniques ne permet guère de marge de manœuvre pour investir dans ces projets. La réponse pourrait même provenir d’un soutien étranger.
Le Qatar, qui a déjà investi dans le grand magasin Harrods, ainsi que dans la nouvelle attraction londonienne The Shard, aurait entammé des négociations avec le gouvernement britannique en vue d’investir jusqu’à 10 Mds de livres dans les projets d’infrastructures au Royaume-Uni, selon un article du Financial Times en date du 14 mars. Rien de surprenant a priori : le chancelier de l’Echiquier George Osborne a toujours déclaré être ouvert à des investissements étrangers dans des industries spécifiques.
À une semaine de l’annonce du Budget le 20 mars prochain, le directeur général du BCC a aussi réitéré l’importance d’accélérer la mise en place et le financement de la Business Bank, cette fameuse banque publique d’investissement dotée d’1 Md de livres et dont on attend encore les applications concrètes. « Il est vital qu’une Business Bank soit préparée à prêter directement à des entreprises en croissance rapide et nécessitant des flux de trésorerie » a-t-il indiqué. Invité, Ed Miliband, le leader de l’opposition travailliste britannique, a soutenu de son côté la création pour le Royaume-Uni de banques locales à la manière de Sparkassen, autrement dit des caisses d’épargne allemandes assurant le financement d’entreprises locales : «Je suis déterminé à mettre en pratique cette idée de banques régionales durant le prochain gouvernement», s’est-il engagé devant un parterre d’entrepreneurs.
Pour survivre, les entreprises britanniques doivent aussi être capables d’exporter dans les meilleures conditions. À John Longworth qui appelait le gouvernement à renforcer son soutien, William Hague, secrétaire d’état aux affaires étrangères, a rétorqué, durant la conférence, que le gouvernement avait d’ores et déjà renforcé les effectifs à hauteur de 300 personnes dans plus de 20 pays émergents, avec un focus spécial en Asie et en Amérique latine et une partie de l’Afrique, les personnes recrutées étant uniquement dédiées à assurer la promotion du Royaume-Uni à l’étranger. D’ici à 2015, 20 nouvelles ambassades, consulats ou bureaux économiques britanniques auront également ouvert leurs portes à l’étranger. « Nous avons également entamé une approche plus cohérente et déterminée dans nos visites ministérielles afin d’aider à étendre la part de marché du Royaume-Uni » a-t-il déclaré, « En plus des 22 visites en Chine et 21 en Inde au cours des douze derniers mois, le Premier Ministre a réalisé un énorme travail de délégation commerciale durant l’un de ses récentes visites en Inde ».
La question européenne a également été au centre des discussions. Si une grande majorité des entreprises continue à penser que le Royaume-Uni a tout intérêt à rester dans l’Union européenne, John Longworth indiquait cependant que le maintien du pays dans ce cadre ne pouvait se faire à n’importe quel prix. «Une vaste majorité ne veut pas davantage d’intégration – avec tous les fardeaux et les contraintes que cela représente et près de la moitié veut la renégociation des termes existants, seul un quart est préparé à accepter le status quo », a-t-il souligné, «mais le status quo n’est pas une option sur le moyen ou long terme. L’UE s’éloigne de nous. Et nous allons devoir par nécessité renégocier nos relations avec l’Union européenne même pour maintenir le status quo, et cela même si nous étions complètement satisfaits du système actuel » a-t-il conclu.