Depuis des mois l’Association ibéro-américaine des chambres de commerce (AICO) avait prévu d’organiser la XXXIXe Conférence de son comité directeur au Chili, du 25 au 27 avril 2010, quand un puissant tremblement de terre a frappé le pays en février, faisant plus de 800 morts, au sud-ouest de la capitale. « Après ce séisme dévastateur, nous avons pensé renoncer à organiser la conférence internationale », avoue Peter Hill, président de la Chambre de Santiago (CCS), mais la chambre a finalement reçu « ses amis de l’AICO ». Pendant 3 jours, les délégués de 22 pays d’Amérique latine, des Caraïbes, de l’Espagne, du Portugal et des communautés hispanophones des États-Unis se sont réunis pour faire le point sur l’année en cours, analyser la situation économique et sociale de la région et échanger des expériences relatives aux programmes d’aide aux entreprises lancés dans certains pays. Une réunion importante pour les membres de l’association qui ont aussi témoigner de leur solidarité envers leurs collègues du Chili.
Le pays souffre des conséquences du tremblement de terre qui a endeuillé l’une des économies les plus flamboyantes d’Amérique latine. Selon les autorités, le montant des pertes totales dues au séisme s’élèverait à 30 milliards de dollars, dont 21 milliards pour les dégâts des infrastructures physiques, industrielles et sociales du pays. Une catastrophe difficile à assimiler pour les entrepreneurs et consommateurs chiliens qui, selon une enquête de la CCS, voient les prochains mois avec pessimisme. « 80 % des associés n’ont pas subi de pertes considérables au niveau de leur infrastructure durant le tremblement de terre, mais plus de la moitié des personnes interrogées prévoit une chute de leurs ventes sur le moyen terme comme conséquence directe de la catastrophe », souligne Peter Hill. Dans un tel contexte, la CCS promeut un effort commun mené par les secteurs public et privé. « Par exemple, nous aidons avec nos associés à la reconstruction d’un collège public emblématique et historique de la ville », dit le président de la chambre (Commerce International n° 63). Selon l’enquête de la CCS, les Chiliens n’auraient toutefois pas perdu confiance dans leur pays sur le long terme. La grande majorité des entreprises serait opérationnelle durant le 2e trimestre et la croissance de l’économie chilienne en 2010 serait supérieure à celle de 2009 dans la plupart des secteurs. Aux yeux de l’AICO, le Chili reste donc l’exemple à suivre. « Ce pays est devenu l’emblème du libre-échange et de la promotion du secteur privé, non seulement dans la région ibéro-américaine, mais aussi dans le monde entier », s’enthousiasme le président de l’AICO, Ambrosio Bertolotti, qui salue les accords commerciaux bilatéraux signés par les autorités chiliennes avec plus de 50 pays.
Malgré le séisme, le Fonds monétaire international (FMI) prévoit une croissance du PIB chilien de 4,7 % en 2010. « Les pays d’Amérique latine ont généralement affronté la crise économique armés d’une position financière et macro-économique beaucoup plus stable et solide que lors des crises précédentes », se félicite le président de l’AICO, mettant en exergue le cas de son Uruguay natal « qui, durant cette crise, n’est jamais entré en récession et enregistrera, selon les projections du FMI, une croissance de 5,7 % en 2010 ». Pour lui, les Latino-Américains ont donc déjà entamé une phase de récupération, comme les USA, preuve que leurs économies sont mieux préparées que par le passé. L’AICO n’a pourtant pas caché son inquiétude face au cas espagnol. « L’Espagne se trouve aujourd’hui dans une situation critique qui montre l’urgence de mettre en place des réformes structurelles », déclare Ambrosio Bertolotti, préoccupé par le fort taux de chômage qui, selon les derniers résultats, s’élève à 18,1 %, contre 8,3 % dans le reste de l’OCDE.
« La Commission européenne prévoit une chute de 1 % du PIB espagnol en 2010, un taux de chômage de 20,5 % (le double de la moyenne de l’UE) et un déficit public jusqu’à 10 % du PIB », s’alarme le président de l’AICO. « Face à la récente crise, les membres de l’AICO ont réaffirmé que la voie principale pour récupérer une croissance soutenue est le maintien de politiques de libre-échange », martèle Peter Hill, le président de la CCS. Dans ce cadre, l’AICO a rappelé la nécessité de créer dans la région un bloc économique compétitif au niveau global. « En Amérique latine, il y a déjà eu de nombreux processus d’intégration qui ont commencé par l’Alliance pour le progrès, un programme lancé par les États-Unis en 1960, suivi par la CAN, le Mercosur et tant d’autres », détaille Ambrosio Bertolotti. « Hélas, les uns ont échoué et les autres n’avancent pas à la vitesse souhaitée. » Pour lui, cela n’est pas une affaire de temps : « Nous essayons depuis près de 50 ans ». La solution ? Arrêter de mêler économique et idéologique, scande l’Association ibéro-américaine. Le prochain rendez-vous est prévu en septembre, à Cali, en Colombie.