L’Afrique orientale et australe lance de vastes chantiers de rénovations sectorielles

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Même si elle a affecté le continent noir dans son ensemble, la récente crise n’a pu masquer la nouvelle réalité économique : l’Afrique entre dans une phase cruciale de son développement et se modernise à grande vitesse. La croissance semble installée durablement. Malgré un fléchissement à 2 % en 2009, elle devrait retrouver un taux de 4,5 % en 2010 et de 5,5 % en 2011, selon le FMI. La Banque africaine de développement prévoit ainsi une progression de 7 % pour 2011. « Même s’il montre une hausse, l’indicateur de croissance globale est loin de refléter la dynamique actuelle du continent. En 2009, année terrible pour l’économie mondiale, plus de 90 milliards de dollars ont été investis en Afrique. Les entre-preneurs profitent d’un contexte de plus en plus favorable », indique Mahmoud Mohieldin, le ministre égyptien de l’Investissement.

 

De nombreux projets de développement émergent attirent l’attention des investisseurs étrangers. « L’Afrique a été une victime innocente de la crise, mais son incroyable potentiel est en train de sortir vainqueur de la situation », poursuit le ministre. L’agriculture fait partie des secteurs en forte mutation. Au Malawi, 20 millions de dollars vont à la construction d’un réseau d’irrigation automatique des terres arables. En République démocratique du Congo (RDC), les cultures de canne à sucre connaîtront une forte extension ces deux prochaines années. Plusieurs centres de désalinisation de l’eau de mer vont être créer à Djibouti pour l’industrie agricole et agroalimentaire. Au total, 58 projets d’envergure sont en passe de voir le jour dans le seul domaine agricole au sein des 19 États membres du Comesa (Marché commun de l’Afrique orientale et australe). Tous ont un coût supérieur à 10 millions d’euros. Une cinquantaine d’autres projets de cette zone visent à améliorer les infrastructures publiques et celles du tourisme. Quelque 200 millions d’euros sont mobilisés pour l’édification d’un pont au-dessus de la mer Rouge reliant Djibouti au Yémen. En RDC, la rénovation de l’aéroport de Kinshasa et la construction de plusieurs zones industrielles dédiées au bâtiment demandent une enveloppe de 1 milliard d’euros. « Ces projets constituent un point de départ pour mieux répondre à l’accroissement des échanges internationaux. Leur rôle est déterminant », explique Mahmoud Mohieldin. Le changement concerne aussi le secteur énergétique. Outre les investissements massifs pour l’extraction du pétrole et du gaz, l’Afrique ne veut pas manquer le virage des énergies propres et renouvelables. À Djibouti, 105 millions d’euros sont dévolus à l’exploitation de ressources géothermales. Un parc éolien de 100 MW est en construction au Kenya, pour répondre notamment à la demande énergétique croissante autour du désert de Chalbi, au nord du pays, où le tourisme se multiplie. D’autres projets dans l’énergie sont en cours ou en passe de voir le jour. « Toutes ces modernisations créent un contexte intéressant pour les entreprises qui souhaitent transformer les potentiels en richesses », estime le ministre égyptien.

 

On décrit souvent l’Afrique du Sud, le Nigeria et le Kenya comme les leaders qui tiennent l’Afrique éloignée de la récession. L’Égypte fait aussi partie des nations de cet élan nouveau. « Nos échanges avec les autres pays africains connaissent une progression sans précédent : 524 entreprises égyptiennes sont actuellement en contrat à l’étranger sur le territoire du Comesa », souligne Mohamed Aboul Naga, ministre égyptien de la Coopération internationale. Entre les lignes ferroviaires, les chantiers des zones portuaires et des centres commerciaux, on ne compte plus les initiatives pour répondre à une demande croissante. Le pays a lancé un vaste plan de développement public-privé (plus de 16 milliards d’euros) qui finance actuellement 46 projets. Tous devraient atteindre leur terme d’ici 2020 au plus tard. « Les investissements destinés aux infrastructures routières sont très importants pour l’Égypte. Comme pour d’autres pays africains, nos zones économiques créatives sont souvent trop éloignées les unes des autres. Il s’agit donc d’une priorité », confie Mohamed Aboul Naga. Plus de la moitié de la richesse des deux dernières années provient de la construction ou de la rénovation des infrastructures. « Une offre logistique développée permettra une augmentation massive des productions », ajoute-t-il. Parmi les secteurs en expansion, les technologies de l’information et de la communication avec une croissance de 11 % l’an passé. Une majorité d’entreprises est implantée au Smart Village, près du Caire, un des plus vastes pôles high-tech du bassin méditerranéen.