Alors qu’une croissance nulle vient d’être annoncée par le gouvernement pour l’exercice 2012, Denis Jacquet a pour ambition de dynamiser celle des start-up grâce à son « Accélérateur de croissance ». Ce serial entrepreneur, à la tête notamment d’une des premières entreprises française d’apprentissage en ligne, Edufactory, a décidé, il y a trois ans, de créer l’association Parrainer la croissance avec quelques amis en partant du constat que les entreprises françaises étaient trop petites.
Aujourd’hui, l’association compte 2450 membres et est devenue une référence. Elle constitue à la fois un outil de réseau, de développement, de financement des start-up, d’incubation et de lobbying politique.
Sur sa lancé, Denis Jacquet décide donc de prendre deux problèmes qui lui tiennent à cœur à bras le corps. Il est en effet révolté de voir les seniors mis de côté dans les entreprises et la difficulté que rencontrent les jeunes entrepreneurs qui veulent se lancer.
Partant de ce dérangeant constat, il décide de traiter ces deux problèmes en les jumelant.
« J’ai vu se constituer la « génération pré-retraite », explique-t-il. C’est à dire celle à qui l’on dit « vous avez 50 ans, vous n’avez plus aucun intérêt, vous coutez trop cher, on va vous remplacer par des jeunes, ça nous coûtera moins cher et cela ira plus vite ». Cela dépouille les entreprises de toute une expérience et un savoir faire ».
Situation de plus en plus prégnante quand on voit les statistiques des seniors au chômage. Denis Jacquet insiste. « Dans le temps, ces personnes là avaient la gentillesse de mourir rapidement après 60 ans, donc tout allait bien. Maintenant elles peuvent vivre jusqu’à 95 ans. Donc, à 50 ans on estime que quelqu’un qui est à la moitié de sa vie est vieux et doit disparaître alors qu’à l’étranger, les seniors des pays occidentaux sont considérés comme une ressource précieuse, presque plus précieuse que des gisements d’or ou de minerais ».
Autre pan du problème, la difficulté pour les jeunes de se lancer dans l’entrepreneuriat. « Quand on créé son entreprise à 25 ans et qu’on n’est pas entouré d’expérience, il est clair que les chances de succès sont très faibles ».
Il imagine donc un endroit où l’expérience des seniors pourrait rencontrer les attentes des jeunes entrepreneurs. C’est la naissance de l’Accélérateur de Croissance. L’objectif de ce modèle est de mettre en place, partout en France, des structures physiques où se rencontrent jeunes start-up et seniors.
Le premier du nom, l’Accélérateur de croissance Paris-Pont de Sèvres dispose de 700 m2 de bureaux. Des start-up vont être sélectionnées sur dossiers pour entrer physiquement dans l’Accélérateur. « Ils vont en faire leur bureau, explique Denis Jacquet. L’avantage, c’est qu’ils vont trouver face à eux, dans le même espace, open-space ou autre, un Directeur des Ressources Humaines, un Directeur Administratif et Financier, un Directeur commercial, un Directeur Marketing, la Logistique, la Compta, le Juridique, bref, toutes les compétences qu’un groupe de 100 000 personnes peut s’offrir, et qui vont travailler gratuitement, quotidiennement, avec eux, dans le même espace physique ».
Ces seniors volontaires viennent de deux horizons. Certains sont de jeunes retraités qui n’ont pas envie de décrocher du monde de l’entreprise et qui souhaitent faire profiter de leur vécu. Pour d’autres, ils sont encore en activité dans de grands groupes. « On est allé voir toutes les grandes entreprises en leur disant donnez nous des seniors et un chèque…Je caricature parce qu’on a demandé beaucoup plus gentiment que ça, s’amuse M.Jacquet. On leur a demandé de nous aider à monter cette initiative et de grands groupes ont eu la gentillesse à la fois de détecter des seniors pour qu’on les sélectionne et de nous donner de l’argent pour démarrer le projet ». Les seniors sélectionnés sont détachés par l’entreprise à l’Accélérateur pour une durée donnée.
La phase de sélection des start-up vient de commencer. Une vingtaine d’entre elles feront bientôt leur entrée dans l’accélérateur avec de grandes ambitions et un petit loyer. « On a la chance qu‘Allianz, propriétaire des locaux, nous fasse des tarifs très avantageux », précise M.Jacquet. Cela coûte donc de 500 à 2500 euros par mois, selon l’entreprise, pour bénéficier des locaux, des seniors, d’un programme de formation et d’une centrale d’achat.
« On a deux objectifs conclu Denis Jacquet : montrer qu’une entreprise est un endroit où se rapprochent les générations et lui redonner une image positive d’un endroit qui construit et pas qui détruit ».
Une belle initiative pour montrer que des compétences associées à des jeunesses créatrices donnent de la croissance.