Depuis ce grand vent de fusions, en 2002, sur la totalité des plus importantes municipalités du Québec, le visage de la région de la Capitale-Nationale a profondément changé. À l’image d’autres métropoles du territoire, l’instauration de la nouvelle ville de Québec sur la rive nord du Saint-Laurent, et la consolidation de la structure municipale sur la rive sud autour de la nouvelle ville de Lévis, créent des villes plus fortes et dynamiques. Pour la capitale québécoise, on parle maintenant d’une agglomération regroupant un million de personnes. Le pari d’une telle reconfiguration administrative devait aussi s’accompagner d’un souffle nouveau en termes de développement économique. En avril 2003, Jean Leclerc, président de la société d’agroalimentaire Biscuits Leclerc, tenait ce discours mobilisateur en tant que coprésident d’un organisme tout juste créé : « Nous devons travailler en synergie pour mettre en œuvre nos choix stratégiques. Pour répondre à ces besoins, nous avons enfin un organisme qui va nous permettre de travailler ensemble et de nous positionner sur la planète. (…) La création de PÔLE Québec Chaudière-Appalaches marque une étape importante pour la région. (…) Aujourd’hui, ce n’est plus la Rive-Sud du Saint-Laurent contre la Rive-Nord. C’est nous ensemble contre le reste de la planète. »
PÔLE Québec Chaudière-Appalaches (PQCA) voyait ainsi le jour comme organisme à but non-lucratif dont le conseil d’administration est constitué en majorité de dirigeants d’entreprises, avec mission de catalyser les efforts de développement dans des secteurs d’activités ciblés sur une ZONE économique formée de deux régions administratives au cœur du Québec (la région de la Capitale-Nationale et la Région de la Chaudière-Appalaches). Le centre de cette ZONE, qui comptait 25 villes avant janvier 2002, n’en regroupe dorénavant que deux. D’abord la nouvelle Ville de Québec (550 000 habitants), siège du gouvernement et capitale de la province du même nom, qui offre une économie saine, vigoureuse, attirante au cœur d’un espace économique en plein développement. Et puis la nouvelle Ville de Lévis, avec 150 000 habitants, sa voisine bordant la rive sud du Saint-Laurent, qui vient d’être sacrée « Ville de l’année » au Québec.
La qualité de vie hors du commun et le taux de criminalité parmi les plus bas des grandes villes nord-américaines ont rendu ce territoire spécialement attractif. D’ailleurs, Québec a été nommée « Meilleure ville pour élever des enfants au Canada » en 2004.
Sur la ZONE QCA, en plus de la présence stratégique des services publics, l’économie favorise largement l’application de la recherche et la valeur ajoutée. Là-bas, l’innovation payante des entreprises est le fruit d’une stratégie démarrée dans les années 90. Et la zone économique Québec Chaudière-Appalaches se distingue maintenant des autres régions du Québec par la force et la diversité de son infrastructure de recherche (dont le siège de deux universités). Elle possède la plus forte concentration de centres de recherche et de transfert technologique de la province de Québec.
Le dynamisme de la ZONE QCA n’est autre que le reflet des résultats obtenus au sein des deux régions qui la composent : le taux de chômage affiche des résultats en deçà de la moyenne canadienne depuis plusieurs années (7 % en 2005 pour la ZONE et 6,1 % estimé en 2007) ; pas moins de 24 000 emplois ont été créés depuis un an dans la région de la Capitale-Nationale ; et les deux régions s’octroient des taux d’investissement de 8,2 % pour la Capitale-Nationale et de 11,8 % pour Chaudière-Appalaches (la moyenne du Québec étant fixée à 7,5 %).
Des avantages concurrentiels majeurs
Carrefour géographique stratégique doté d’infrastructures portuaires (en eaux profondes ouvertes à l’année), ferroviaires, aéroportuaires (Aéroport international Jean-Lesage) et autoroutières, la ZONE QCA est en liaison directe avec les grands marchés du continent et du monde. Soucieux d’y accroître la richesse collective, le nouvel organisme PÔLE Québec Chaudière-Appalaches se doit aussi d’accompagner son territoire en vue d’atteindre une position hautement compétitive face à la concurrence étrangère. Pour y parvenir, PÔLE définit ainsi son rôle : comprendre la dynamique des marchés dans lesquels les entreprises évoluent, ensuite diagnostiquer les forces, les faiblesses et les avantages concurrentiels des entreprises, les positionner sur les facteurs-clés de réussite propres à leur secteur, enfin, travail est fait pour mobiliser, outiller et accompagner ces entreprises et leurs dirigeants dans leur développement et leurs relations avec les institutions et les gouvernements. Afin d’optimiser ses actions, PÔLE QCA s’est employé, en outre, à identifier des secteurs d’excellence à titre de forces de la ZONE économique. Ils sont actuellement au nombre de trois.
Depuis 10 ans, le secteur des sciences de la vie, de la santé et de la nutrition permet la naissance d’entreprises en croissance constante. Il jouit d’une base scientifique reconnue qui réunit des chercheurs de réputation internationale, et ne cesse de se développer notamment grâce à la disponibilité sur le territoire d’un capital de démarrage et des crédits à la recherche et développement (R&D) doublés d’une fiscalité très favorable. Seulement pour la filière des sciences de la vie, on dénombre 47 groupes de recherche publique qui emploient près de 3 000 personnes. C’est en matière de lutte contre le cancer, d’instrumentation, de diagnostic et de traitement de maladies infectieuses que ce pôle d’excellence a consolidé ses principales forces technologiques. Le chiffre d’affaires de cette filière (498 millions de dollars canadiens) compte entre autres sur la présence des filiales de multinationales telles que SFBC Anapharm et ID Biomediacal Corp, et de leaders du domaine tels qu’AEterna-Zentaris et Infectio Diagnostic (IDI). En ce qui concerne les nutraceutiques et les aliments fonctionnels, bien que la majorité des entreprises (88 %) ait été fondée après 1995, le tissu industriel est formé de jeunes PME spécialisées et de quelques entreprises plus matures. En plus des 800 personnes qui travaillent en entreprise, 400 autres sont employées dans les 9 groupes de R&D répertoriés. Pour leur part, les quelque 180 entreprises actives en transformation des aliments totalisent des ventes de 2,3 milliards de dollars canadiens.
Autre secteur de pointe, celui des technologies appliquées. Dans la ZONE économique QCA, il comprend les technologies en optique-photonique, favorisées avec la présence de l’Institut national d’optique (INO) un acteur sans pareil au Canada, ainsi qu’en électronique. Il inclut aussi les solutions informatiques telles les technologies de l’information (jeux, logiciels, multimédias) et la géomatique. La filière défense et sécurité en fait également partie.
Le troisième secteur d’excellence, le secteur des matériaux de seconde transformation, englobe principalement le monde des plastiques et des matériaux composites. Avec 130 entreprises employant plus de 5 000 personnes, la ZONE QCA fait figure d’une véritable vallée de la plasturgie, alors que 296 entreprises représentant 8 175 salariés sont aussi très actives en matière de deuxième transformation du bois. Cette filière de fabricants de portes et fenêtres, de meubles, de planchers et de structures préfabriquées, réalise une production annuelle qui dépasse 1,4 milliard de dollars canadiens dans un contexte qui ouvre des perspectives de croissance de 10 % par an !
Les opportunités d’une capitale attractive
Si ce panorama économique dynamique constitue le fer de lance de la ZONE QCA, c’est en comptant également sur l’environnement favorable et les infrastructures qui caractérisent cette capitale politique de la plus grande province du Canada. À ce titre, la présence gouvernementale est un des atouts distinctifs fondamentaux de Québec. Historiquement, l’État québécois est d’abord le plus grand consommateur de technologies de l’information et de la communication (TIC). Un aspect de taille sans doute à l’origine de la naissance et de l’expansion rapide des plus grandes sociétés de services-conseils en informatique du Québec. En outre, agissant en « valeur sûre », la présence du Parlement, des ministères et d’organismes gouvernementaux a toujours été un levier économique majeur pour les activités de la région. D’ailleurs, l’évolution prévisible du « marché » gouvernemental annonce de belles opportunités : modernisation de l’État, politique-cadre sur les partenariats public-privé, gouvernement en ligne, Plan vert du Québec, programmes ministériels de R&D, etc.
L’infrastructure de recherche est un autre élément fondamental de la ZONE. Siège de deux universités (Université Laval et Université du Québec), de neuf centres de recherche gouvernementaux, de six consortiums de recherche et de transfert technologique, de deux centres de liaison et de transfert et d’un centre collégial de transfert technologique, à lui seul, le Parc technologique du Québec métropolitain regroupe une centaine d’entreprises et quelque 3 400 travailleurs de haut niveau. Cet épicentre technologique, mondialement reconnu, jouit d’une main-d’œuvre de qualité et localement disponible, qui s’ajoute aux avantages concurrentiels de la région.
D’autres exemples témoignent d’une vigueur économique qui sait attirer des investissements autant endogènes qu’étrangers, autant publics que privés : la création d’Optosecurity (1 million de dollars canadiens issus de fonds privés locaux, 1 million provenant de la Banque de développement du Canada et 500 000 dollars d’Innovatech Québec) ; l’implantation du méga-projet de port méthanier Rabaska (avec Gaz de France) ; l’agrandissement de ID Biomédical (seul manufacturier au Canada pour le vaccin contre l’influenza) ; l’arrivée de la française Ubisoft qui vient de choisir le quartier Saint-Roch et le Centre national des nouvelles technologies de Québec en y créant déjà une centaine d’emplois ; ou encore l’acquisition de RD Tech par les Japonais Olympus.
Afin d’encourager la participation des capitaux privés dans le démarrage d’entreprise, le gouvernement du Québec a aussi récemment appuyé la création de deux Fonds d’investissement économique régional (FIER) pour les régions de Québec et de la Beauce (voir encadré). L’agenda économique de Québec comporte également des incontournables avec la tenue des évènements « contacts ». BioContact, le plus connu de ces rassemblements de trois jours maillant investisseurs, scientifiques et entrepreneurs, cible le biomédical. Il est tenu annuellement en octobre depuis 10 ans. Au printemps, POLE organise une rencontre autour des TIC (TI Contact), et la même formule gagnante est maintenant appliquée pour le monde des capitaux à risque avec la tenue de « North American Venture Capital ».
La récente mise en place d’un Technopôle « Défense et sécurité » doit en outre être signalée. Une contribution de démarrage de 750 000 dollars canadiens du gouvernement du Canada, confirmée en mars 2005, renforce aussi la présence dans l’économie de Québec de Recherche et Développement pour la Défense Canada – Valcartier (RDDC), qui est déjà le plus vaste des six centres de R&D liés à la Défense nationale, avec quelque 400 scientifiques. Treize sociétés et institutions canadiennes se sont déjà greffées au jeune Technopôle, mais les objectifs de recrutement ont été fixés à 45 sociétés commerciales d’ici deux ans. Au moins 61 technologies ont été identifiées comme pouvant faire partie d’un transfert technologique. Québec tiendra d’ailleurs la 3° édition de « Défense et innovation » du 15 au 18 novembre 2005. À noter que c’est à une petite entreprise de Québec, Obzerv, que l’Armée française vient d’acheter au coût d’environ 300 000 dollars canadiens un système de vision nocturne révolutionnaire…
Autant de perspectives proches qui invitent tout particulièrement les investisseurs étrangers à saisir ses opportunités. Et alors que Québec fêtera en 2008 le 400e anniversaire de la fondation de la ville par Samuel de Champlain, feront partie du bal les entreprises qui seront là !