Ni l’anorak, ni la combinaison, ni le pantalon ne seront un signe de bon goût pour la mode de cet hiver. En dehors des bonnets insolites dansant dans le vent, rien de particulièrement fashion ne saute aux yeux lors d’un tour des pistes. Pourtant la touche d’excentrisme s’exprime dans l’essentiel : les skis. Car les amateurs de la glisse se sont lassés des « skis de masse » qui se ressemblent au point qu’on risque toujours d’attraper la paire de quelqu’un d’autre après avoir bu son petit vin chaud au bar du sommet. Or, une paire de skis unique, fabriquée sur mesure, au design éblouissant et recouvert d’un bois précieux n’est certes pas à la portée de tous, mais elle n’est pas inaccessible : il faut compter 1 600 euros environ (sans les fixations) pour l’Aspen, l’Atisha ou le Polyvalent pour freeriders, et vous serez émerveillé rien qu’en regardant vos « deux planches » filer sous vos yeux dans la neige. Avec un dessus recouvert d’une couche ultime en bois d’ébène, de rose, de palissandre ou de noyer, ils font le bonheur des grands amateurs.
Actuellement, le palissandre est le bois tropical le plus demandé chez l’artisan de skis Bohême, dans les Alpes françaises. La marque écoule environ 600 paires par an, entièrement fabriquées à la main par trois ouvriers. Rien qu’une paire d’Aspen exige 37 heures de travail. « Ces skis haut de gamme sont toujours des pièces uniques grâce aux nœuds du bois… », explique Arnaud Benoist, directeur marketing de Bohême. La structure, les veines et le brun foncé du palissandre donnent en effet à ces skis une beauté irrésistible. En plus, des logos personnalisés renforcent la relation entre le skieur et ses planches. Ce sont rarement des débutants qui s’enflamment : « Nous avons une clientèle experte qui ne frime pas, mais qui est passionnée de technique et de beauté », souligne Arnaud Benoist, de Bohême, qui exporte dans 27 pays, surtout en Italie, en Autriche, en Allemagne, en Espagne et aux États-Unis, mais également à Singapour ou en Iran.
Le bois précieux ou exotique, combiné aux fibres de carbone ou de verre, ne modifie en rien la performance, c’est la cerise esthétique sur le gâteau du savoir-faire. Et la longévité de ce ski, si personnel, vaut bien son investissement : bien entretenu, il transportera son maître de 400 à 500 jours. S’il ne part qu’une fois l’année dans la neige, le skieur l’aura donc pour toute une vie. C’est un plaisir qu’apporte également l’Ultime Black en titane de Lacroix Luxe Sport, le must de la planche sur les pistes de Courchevel ou de Gstaad. Les plus fous le commandent même incrusté de diamants ! à vrai dire, lancé par les richissimes Russes en virée dans les stations huppées des pays alpins, cette mode très bling-bling décline heureusement. Mais la passion pour les skis d’exceptions en titane persiste. Les avantages techniques sont indéniables et leur design sobre et d’un noir intense, luisant et percutant, est tout à fait dans la tendance high-tech. Chez Lacroix, dans la banlieue de Lyon, une équipe intègre toute innovation technique au design de chaque nouveau produit. La technologie fut déjà le cheval de bataille des fondateurs de la marque originaires du Jura, Léo et Daniel Lacroix.
Ce dernier créera à la fin des années 1950 les premiers skis technologiques en leur intégrant de la fibre de verre. Par la suite, ses skis aideront son cousin Léo à remporter les médailles d’argent aux jeux Olympiques d’Innsbruck en 1964 et aux championnats du monde de Portillo, au Chili, en 1966. Aujourd’hui, l’astucieux sandwich « fibrométal » de la marque combine de multiples couches : une « âme » en bois lamellé-collé (de frêne ou de peuplier), du kevlar et de la fibre de carbone, le tout glissé dans une enveloppe métallique. Pour frimer ou atteindre la perfection de la glisse, le titanal, un alliage à base d’aluminium, apporte l’assurance d’un ski stable en torsion et d’une grande puissance en flexion. Très résistant, il a les propriétés de l’acier tout en étant trois fois plus léger. Et le nec plus ultra, ce sera le titanal recouvert de titane : le ski est encore plus fin, encore plus léger et susceptible d’absorber un maximum de vibrations. Le design de ces deux matériaux reste toujours à couper le souffle, et leur prix également : environ 8 000 euros. Bonne glisse !