La France encourage les entreprises françaises à s’impliquer dans des projets de développement au Sahara. Cette initiative vise à assurer à la France un rôle économique plus important dans la région, en concurrence avec d’autres pays comme l’Espagne, l’Allemagne et les États-Unis.
La France veut sa part des projets marocains au Sahara. Le ministère français des Affaires étrangères encourage désormais les groupes français à «se positionner» dans la province. Fin février, Stéphane Séjourné avait affirmé la volonté du gouvernement «d’accompagner le Maroc dans le développement du Sahara. Le Maroc a beaucoup investi dans des projets de développement au profit des populations locales et dans la formation, les énergies renouvelables, le tourisme et l’économie bleue liée aux ressources aquatiques», a-t-il reconnu dans un communiqué à l’issue de sa rencontre avec son homologue marocain, Nasser Bourita.
L’Algérie qui ne reconnait pas le souveraineté marocaines a vivement réagi : «cela serait synonyme d’un soutien franc et direct de la France à l’occupation colonialiste et illégale de ces territoires non autonomes par le Maroc. Sur le plan diplomatique et géostratégique, les événements s’accélèrent à un rythme pour le moins inattendu», soulignait un responsable algérien.
Quelques semaines auparavant, la presse algérienne s’était félicitée que la visite de Séjourné au Maroc se soit achevée sans que la France ne reconnaisse le Sahara marocain. La publication de cette instruction donnée par Paris aux entreprises françaises a été précédée par l’annonce, par le même média, de l’arrivée dans le royaume, le 4 avril, du ministre français délégué au Commerce extérieur, Franck Riester.
À Rabat, il s’est entretenu avec Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du Commerce, et Mohcine Jazouli, ministre délégué chargé de l’Investissement, de la Convergence et de l’Evaluation des politiques publiques. Cette visite de deux jours est un signe supplémentaire de l’importance de la présence économique de la France au Sahara.
La présence économique de la France au Sahara est bien supérieure à celle des autres pays occidentaux. En effet, la Chambre Française de Commerce et d’Industrie au Maroc (CFCIM) dispose de délégations régionales dans les trois régions sahariennes : Laayoune Sakia El Hamra, Dakhla Oued Eddahab, et Guelmim Oued Noun ; inaugurées respectivement en 2017, 2019 et février 2024. Il ne manque plus qu’une présence politique et diplomatique dans la province.
En décembre 2020, un mois après la reconnaissance par les États-Unis de la souveraineté du Maroc sur le Sahara, par l’ancien Président Donald Trump, une délégation de la CFCIM s’était rendue à Dakhla.
Pour mémoire, 94 parlementaires français avaient souligné, dans une tribune collective publiée en août 2023, que «les atermoiements de la France sur le Sahara et les équilibres du Quai d’Orsay avec l’Algérie poussent le Maroc à chercher ailleurs qu’à Paris des partenaires militaires ou économiques».