La Commerzbank veut devenir la banque corporate de référence pour les PME allemandes qui veulent exporter

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Au service avant tout des PME allemandes, mais aussi françaises, Commerzbank continue son recentrage avec l’annonce le 12 janvier de l’acquisition de la Dresdner Bank. La filiale française voit son rôle renforcé dans les échanges franco-allemands.

 

Plus que jamais, le « made in Germany » constitue un signe de qualité et de distinction. Dans le monde entier, la popularité des produits allemands ne se dément pas, qu’il s’agisse de machines-outils, d’automobiles ou de produits de consommation courante. Profitant des immenses besoins d’équipement de la Chine, l’Allemagne a même accru ces dernières années ses parts de marché pour devenir tout simplement le premier exportateur mondial avec des ventes proches en 2007 de 1 000 milliards d’euros ! Contrairement à la France, ce ne sont pas uniquement les plus grosses entreprises d’outre-Rhin qui contribuent à ces bons résultats. Souvent familiales, les PME allemandes, qui appartiennent à la fameuse catégorie du « Mittelstand », concourent fortement à porter haut les couleurs germaniques « all over the world ». Afin d’accompagner ces entreprises à l’exportation, la Commerzbank désire plus que jamais apparaître comme la banque corporate de référence pour « la nation la plus exportatrice du monde ».

 

« Depuis 2004, nous avons choisi de nous recentrer sur ce rôle d’accompagnement des entreprises allemandes et cela ne pourra que se poursuivre au vu des derniers développements de la finance mondiale », explique David Arlettaz, directeur général de la succursale française de ce géant allemand qui vient de se porter acquéreur d’un autre géant, la Dresdner Bank (voir ci-après). Spécialement dédiée aux entreprises allemandes exportatrices vers la France – soit 4 000 entreprises clientes – et soucieuses d’y trouver les mêmes services que dans leur pays, la succursale de la rue de la Paix à Paris, la deuxième en Europe après Londres, a aussi pour vocation de fournir aux entreprises françaises les services de transaction (montage et origination des financements export court, moyen et long terme, crédit documentaire, financement de matières premières, etc.) destinés à les aider dans leurs exportations. « En France, nous avons essentiellement pour clients les entreprises cotées du SBF250. Elles préfèrent passer par nous plutôt que par une banque française, car elles savent qu’elles peuvent compter sur une banque présente fortement à l’international non seulement en Allemagne et dans les pays de l’est européen où nous sommes très présents, mais dans le monde entier », explique Heike Burlat, sous-directeur en charge du département Trade Finance & Transaction Services.

 

Par rapport à d’autres établissements bancaires, l’une des particularités de Commerzbank réside dans le réseau de contacts qu’elle a établi avec plus de 6 000 banques auprès desquelles elle dispose de lignes de crédit substantielles. « Au même titre que notre back office expérimenté en matière de procédures export, ce réseau de correspondants présents dans des pays considérés comme exotiques fait notre richesse et il est le reflet de la vocation exportatrice de notre banque. Il n’y a pas de pays au monde où l’on ne puisse trouver de solutions grâce à ces partenariats locaux. En fait, plus une relation commerciale semble compliquée et plus nous avons vocation à intervenir », se félicite Heike Burlat pour qui les entreprises françaises sont encore trop timorées dans la conquête des marchés export et surtout fort traditionnelles dans leurs façons de faire.

 

Acquisition de la Dresdner Bank
Fondée en 1870 à Hambourg, la Commerzbank, dont le siège est à Francfort, vient de connaître une évolution majeure avec l’acquisition de sa compatriote la Dresdner Bank. La finalisation de ce rachat rendu officiel le lundi 12 janvier dernier met fin à un feuilleton mouvementé qui durait depuis plusieurs mois. Selon l’acquéreur, le nouvel ensemble devrait compter 1 200 succursales sur tout le territoire allemand, contre près de 1 000 pour la Deutsche Bank, le numéro un actuel outre-Rhin. Le rachat renforce aussi la position de la Commerzbank comme banque leader sur le segment des entreprises, avec une part de marché évaluée à 13 %. Concrètement, la Commerzbank a acquis la totalité de la Dresdner en devenant son actionnaire principal. « L’assureur Allianz, l’ancien propriétaire de la Dresdner, détient désormais 165,3 millions de nouvelles actions Commerzbank », précise le communiqué officiel de Commerzbank à l’issue du rachat, soit environ 14 % du nouveau groupe Commerzbank-Dresdner Bank.

 

À signaler que depuis le jeudi 8 janvier dernier, l’État allemand est devenu le premier actionnaire de la Commerzbank avec 25 % plus une action du capital, à l’issue d’un nouveau plan d’aide publique de 10 milliards d’euros. Dans un paysage bancaire agité, l’un des objectifs de la fusion Commerzbank-Dresdner Bank est très clairement de limiter les coûts. C’est dans cette optique qu’aura lieu en France le rapprochement entre les deux entités, Commerzbank étant présente à Paris depuis 1976. Ancien de BNP-Paribas de 1995 à 2005, notamment à Hong Kong et Londres, c’est David Arlettaz qui pilotera le nouvel ensemble parisien. Ne proposant plus directement de gestion financière à ses clients, la succursale de Paris a surtout pour vocation d’être un point de contact commercial à l’écoute des entreprises françaises ou allemandes.