Défiant les discours sur la fiscalité, les charges sociales et le droit du travail, les investisseurs étrangers ont augmenté le nombre de leurs emplois en France au cours de l’année 2011 de près de 19 %. Mieux encore, les résultats de l’étude annuelle d’IBM Global location trends élisent Paris ville phare des investissements directs étrangers, juste derrière Londres.
Bonne nouvelle. La France attire les investisseurs étrangers. Leur intérêt pour l’Hexagone augmente même. Mesurés en nombre d’emplois, les investissements directs étrangers (IDE) ont connu une hausse de 18,7 % entre 2010 et 2011. Un taux de croissance supérieur à celui de la Grande-Bretagne (16,2 %) mais en rien comparable avec celui de l’Espagne (plus 190 %) ou même de l’Allemagne (plus 77 %).
Ces chiffres, qui émanent du rapport 2012 „Global Location Trends“ d’IBM, dressent un état de lieux surprenant des investissements des entreprises sur la planète.
Les pays „entrants“ les plus en progression ne sont pas contrairemement aux idées reçues, les pays émergents. Ceux-ci au contraire sont en perte de vitesse dans un contexte global où les investissements des entreprises tendent à se rétracter. Ainsi, les BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine), mais aussi les Philippines, la Malaisie et la Thailande, sont les premiers touchés par la baisse globale de 8 % des investissements enregistrée en 2011 à l’échelle mondiale. „Dans un contexte de crise, les entreprises reportent leurs décisions d’investissement“, analyse le rapport IBM.
Paris en tête
Quand elles se décident cependant à s’implanter à l’étranger, c’est sur la vieille Europe que ces entreprises jettent leur dévolu. „Elles optent pour un rapprochement vers leurs consommateurs et vers leurs partenaires commerciaux“, note Roel Spee, directeur d’IBM-Plant location International, auteur du rapport. Conséquence, parmi les pays à qui profite cette tendance, la France tire très bien son épingle du jeu. Elle a compté, en 2011, 24 545 nouveaux emplois directement issus d’investissements étrangers sur son sol. Soit presqu’autant que l’Allemagne et davantage que l’Espagne, qui est pourtant passée de 7 515 emplois créés en 2010 à 21 820, un an plus tard. La Grande-Bretagne reste le pays européen le plus attrayant avec plus de 43 930 créations d’emplois par des firmes étrangères en 2011.
Les créations d’emploi sont l’unité de mesure retenue par IBM dans cette étude. Mais le groupe va plus loin. Estimant que dans une perspective de développement économique, le nombre d’emplois créés ne doit pas être uniquement considéré, il introduit le type d’investissement et leur valeur pour l’économie comme nouveaux critères.
IBM -Plant Location International a ainsi créé un indicateur sur les investissements directs (FDI) qui décerne à chaque investissement un coefficient de plus-value en fonction du secteur et du type d’activité. Vues sous cet angle, les économies matures, dont nombre de pays européens, sortent gagnantes.
Au rang des villes, Londres et Paris sont de véritables aimants pour les investissements étrangers. Les deux métroples européennes se partagent le sommet du classement des villes les plus attrayantes au monde. Numéro deux mondial, Paris a accueilli, en 2011, 10 % plus d’implantations étrangères (générant plus de dix emplois) qu’un an auparavant. Gagnant ainsi trois places au classement en douze mois, la ville lumière a vu surgir, pour la seule année 2011, 150 000 emplois issus de ces nouvelles implantations. Ce qui lui vaut juste d’être devancée par Londres, qui en a attiré deux fois plus.
Déclin des BRIC
Caracolant en tête, les deux villes dépassent les autres métropoles européennes Amsterdam, Madrid, et Barcelone, qui pourtant réalisent de belles progressions. Ou encore Düsseldorf qui, en 2011, a bénéficié de trois fois plus de créations d’emplois étrangers qu’en 2010 grâce à l’arrivée des Chinois Huawei et ZTE.
En retour, à Shanghai, Pekin, Bangalore, Bucarest et Singapour, les IDE reculent. „ Les villes en déclin sont principalement situées dans les économies émergentes; un constat qui confirme la baisse des investissements dans ces pays“, relève l’étude IBM. Si elle reste le pays de prédilection des investisseurs, la Chine subit une désaffectation toute relative avec une baisse de 15 % de la création d’emplois étrangers entre 2010 et 2011, à 111 153 postes nouveaux. Parfois, cependant, l’ascension d’une métropole comme Sao Paulo, numéro huit mondial en matière d’IDE, ou encore Banghok, au dix-neuvième rang, cache la chute de leur pays respectif. Un constat qui amène IBM à formuler cette hypothèse : „Les métropoles prendraient-elles leur destinée économique en main ? “