Créée en 2005 à Aix-en-Provence, SuperSonic Imagine a développé, en collaboration avec l’Institut Langevin (laboratoire ondes et acoustique) de l’École supérieure de physique et chimie industrielles de Paris (ESPCI), l’élastographie ShearWave (par ondes de cisaillement), une technologie d’échographie totalement inédite permettant de mesurer la dureté des tissus. « Je me suis toujours intéressé à l’imagerie médicale et, en particulier, à l’acoustique comme moyen de diagnostic », explique Jacques Souquet (photo ci-dessous), fondateur et PDG de SuperSonic Imagine. Après avoir travaillé 25 ans aux États-Unis, notamment en tant que vice-président de Philips Médical, c’est dans son pays natal que cet ingénieur de formation a décidé de créer une société centrée autour de l’élastographie.
« Ce qui est dur dans le corps humain est toujours suspect », remarque-t-il. Si des méthodes de palpation ont été développées depuis l’Antiquité, aucune technologie n’avait encore permis de mesurer la dureté des tissus. « Avec l’élastographie par ondes de cisaillement, le diagnostic est indépendant de l’utilisateur », souligne Jacques Souquet. Plus fiable qu’une palpation manuelle, cette technique est, comme l’échographie traditionnelle, d’une totale innocuité et représente « une méthode non invasive qui permet de réduire considérablement le nombre d’actes chirurgicaux ». « Notre principal objectif a été de renforcer le diagnostic précoce du cancer du sein », explique le PDG. SuperSonic Imagine a alors développé un appareil de détection des lésions mammaires baptisé Aixplorer. En 2008, une étude sur 1 800 patientes et 22 000 images, à raison de trois mesures successives de la même zone, a souligné la fiabilité de la technologie quel que soit l’opérateur.
En outre, le nombre de faux positifs a été réduit de moitié, sachant que « sur les 2 millions de biopsies du sein réalisées chaque année, 80 % aboutissent à un résultat négatif ». La société a ensuite élargi son champ d’application à la détection de cancers de la thyroïde, de la prostate ou de l’utérus. « Nous avons développé pour cela des sondes adaptées à l’exploration de ces organes », précise Jacques Souquet. SuperSonic Imagine s’intéresse également à la détection d’autres pathologies comme la fibrose hépatique, la cirrhose, les pathologies des muscles et des tendons touchant les sportifs ou encore les pathologies vasculaires. En outre, hormis le diagnostic des lésions, la technologie peut être utilisée en appui à des interventions chirurgicales pour mieux cibler les tumeurs prostatiques et épargner les cellules saines, par exemple.
Depuis sa création, SuperSonic Imagine a bénéficié de trois levées de fonds successives : 10 millions d’euros en mars 2006, 26 millions en octobre 2008 et 39,4 millions en octobre 2010. En attirant la confiance de grands investisseurs (Auriga Partners, Crédit Agricole Private Equity, NBGI Private Equity, Edmond de Rotschild Investment Partners, Private Equity, Canon, Innobio, Biom, Mérieux Développement, Wellington Partners et IXO Private Equity), la société a acquis une stature suffisante pour se mesurer aux géants de l’imagerie médicale. En 2010, SuperSonic Imagine pouvait se targuer d’un chiffre d’affaires de 9,7 millions d’euros, soit une progression de plus de 100 % en un an.
En à peine six ans, la société a connu un développement spectaculaire, commercialisant 280 appareils dans le monde et employant une centaine de personnes issues des formations les plus prestigieuses de la planète. Après l’obtention, en 2009, d’un marquage CE permettant une commercialisation d’Aixplorer dans toute l’Union européenne, un accord en septembre 2009 avec la Food and Drug Administration lui a permis de pénétrer le marché nord-américain tandis que les portes du marché japonais s’ouvraient en avril 2010 avec la signature d’un accord avec le ministère nippon de la Santé. Aujourd’hui, la société est présente sur presque toute la planète et bénéficie de partenariats de renom comme Hologic, leader mondial de la santé de la femme, ou Canon, distributeur exclusif d’Aixplorer au Japon. Fort de ces résultats prometteurs, SuperSonic Imagine va poursuivre ses développements et élargir le champ d’application de sa technologie grâce à la recherche en amont. « Nous avons développé un écosystème de l’innovation », précise Jacques Souquet, soulignant les collaborations étroites entre la société et les plus grandes universités du monde.