Immersion dans la logistique d’entreposage du groupe Geodis

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Prestataire logistique de la SNCF depuis 2007, Geodis Logistics a repris la gestion des pièces détachées ferroviaires en région parisienne (Moissy Cramayel). Quatrième opérateur européen, Geodis est un groupe de dimension mondiale. En l’espace de deux ans, il a réduit de 30 % le coût de fonctionnement des entrepôts SNCF. Ce qui représente 8 millions d’euros sur 25 millions annuels. Comment ? En s’appuyant sur le logiciel WMS (Warehouse Management System) de RedPrairie, société informatique native du Wisconsin (États-Unis) et présente partout dans le monde. Le retour sur investissement est significatif : Geodis Logistics indique un coût informatique global – logiciel, matériel et hébergement – de 3,5 % du coût de fonctionnement de l’entrepôt.

 

À chaque pièce une place stratégique
« Ce projet a comporté plusieurs phases d’analyse et de refonte des processus. L’objectif était d’éliminer les tâches les moins productives, à faible valeur ajoutée », résume Boris Pernet, directeur de l’ingénierie logistique de Geodis Logistics, qui s’est attaché à réorganiser l’entreposage selon le principe de « slotting », ou comment placer chaque pièce au meilleur endroit pour être le plus productif possible. Le logiciel RedPrairie comporte un module dit, ABC, dont le principe est le suivant : s’assurer automatiquement que l’implémentation des articles les plus exploités est optimale. « Si 20 % des références représentent 80 % des pièces utilisées, celles-ci doivent être stockées près des quais de chargement et déchargement de manière à limiter les déplacements, développe le directeur. Au départ, l’homme constitue l’ABC. Mais une fois établi un historique des sorties de pièces, le logiciel est capable de proposer de nouvelles localisations de références. Dans le cas de la SNCF, nous avons paramétré le soft pour calculer l’ABC de l’entrepôt tous les quatre mois. » Boris Pernet constate que « l’impact économique du slotting est essentiel. Cette opération a grandement participé à optimiser de plus de 20 %les besoins en effectif . En effet, sur un site de telles dimensions – 65 000 m2 répartis dans deux entrepôts – la réduction des déplacements des manutentionnaires est une source directe de diminution des coûts. »

 

Pour ne pas stocker du vide
Second objectif : améliorer le compactage des produits stockés. Lorsqu’une référence est conservée dans plusieurs emplacements, il est nécessaire de contrôler en temps réel le volume de chacun d’eux. À mesure des prélèvements et des réceptions de produits, certains emplacements se vident et d’autres sont créés. Le compactage consiste à vérifier en temps réel la surface disponible dans les premiers, et à la comparer avec les quantités reçues, de manière à ouvrir un minimum de nouvelles surfaces. « Faute de quoi nous stockons du vide !, schématise le logisticien. Notre site compte 115 000 emplacements, qu’il nous faut réduire au minimum. » En pratique, lors d’une réception de pièces, le logiciel détecte l’emplacement le plus pertinent, demandant un minimum de manutention. L’étiquette code à barres de mise en stock, accompagnant la palette entrante, indique au cariste que les pièces reçues doivent être « compactées ». En conséquence, l’opérateur descend la palette en place et rassemble les pièces dans la nouvelle. Le résultat est impressionnant : « Avec cette méthode, nous avons pu réduire de quelque 30 % notre surface de stockage, soit 65 000 m2 contre plus de 100 000 m2. Nous avons ainsi réduit le nombre d’entrepôts à trois contre cinq auparavant. Le prix annuel d’un mètre carré en région parisienne étant d’environ 50 euros, ajouté à 25 euros d’exploitation, l’économie est substantielle. »

 

Point important pour faire évoluer l’application informatique, le WMS de RedPrairie demande peu de développements spécifiques. « Très complexe, il permet à un utilisateur expert de configurer précisément des couches et sous-couches de paramétrage, apprécie Boris Pernet. À l’aide de rapports analytiques, nous pouvons analyser finement l’évolution de notre activité. Il nous a fallu un an pour prendre en main l’outil. Cela s’est fait en collaboration avec le support technique de RedPrairie, à qui nous avons exprimé précisément nos besoins. » L’optimisation n’a pas de fin… Dans les mois qui viennent, le logisticien promet de mettre en place de nouvelles pistes de progrès. « Nous réfléchissons à gommer davantage l’impact négatif des déplacements. Nous avons identifié un certain nombre d’outils – l’automatisation ou le suivi des chariots par exemple. »