Hervé Boulhol, économiste pour l’OCDE : « La zone euro sort de la récession »

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Hervé Boulhol, économiste de l’OCDE
Mardi 3 septembre 2013, l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) a publié une prévision de croissance de 0,3% pour le PIB de la France entre 2012 et 2013.
Commerce International a cherché des éclaircissements auprès d’Hervé Boulhol, économiste de l’OCDE en charge de la France pour le département des affaires économiques (depuis cinq ans). Interview exclusive.

 

C.I. Des prévisions très positives pour la croissance 2013 sont tombées cette semaine. Pour les entrepreneurs, quels sont les chiffres à retenir ?

H.B. : Il n’y a que le PIB réel que nous avons estimé pour huit grands pays (NDLR : PIB réel : mesure du Produit intérieur brut basée sur la variation du PIB en volume d’une période de référence à une autre). Nous sommes dans un exercice intermédiaire qu’on réalise deux fois par an.

On est donc arrivé à un résultat d’une croissance du PIB de 0,3% en 2013 (relativement à 2012).

C.I. Cette bonne nouvelle, à quoi est-elle liée ?

H.B. : Elle est calculée sur la base des données des deux premiers trimestres. Au second, la France a connu une croissance de 0,5% du PIB par rapport au premier. C’était la première fois depuis le premier trimestre 2011 où la France avait connu une hausse de 1,1% de son PIB qu’on enregistrait une hausse de plus de 0,2%.

On note aussi une embellie du contexte macroéconomique international qui bénéficie à la France et aux entreprises exportatrices en particulier.

Sur ce 0,5%, on en explique 0,3% par nos équations, notamment en fonction des chiffres de la consommation et de la production industrielle.  Le cap d’assainissement budgétaire suivi par le  gouvernement a pu rassurer, et permet d’avoir des taux de financement très bas. Le Credit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi (CICE) va porter ses fruits.

Mais 0,2 de ces 0,5 points  sont mal compris.

C.I. Cette reprise est visible également dans vos prévisions de croissance des Etats-Unis, de l’Allemagne, de la Grande-Bretagne, du Japon, du Canada et de la Chine evidemment. Le monde entier sortirait-il de la crise ?

Attention, considérer aujourd’hui que la crise est derrière nous est prématuré. L’Italie, dont nous donnons également les prévisions pour 2013 reste en récession. Mais effectivement, les huit plus grands pays dans leur ensemble vont mieux. L’amélioration est substantielle par rapport à ce qu’on prévoyait au printemps. En France notamment, ça redémarre doucement, la zone euro sort de la récession, mais l’incertitude reste élevée. Il faut rester prudent.

C.I. Que faire pour être sûr de ne plus rechuter aujourd’hui dans la récession?

Le gouvernement doit délivrer une politique qui redonne confiance aux entreprises, aux ménages et aux investisseurs. Il est capital que les entrepreneurs investissent pour que nous sortions définitivement de la récession. 

Clairement, on ne prévoit pas de replonger en zone négative. Pour avoir des chiffres à nouveau négatifs, il faudrait qu’il y ait une nouvelle perturbation très forte, comme des mauvaises surprises dans le secteur bancaire dans les pays de la zone euro, une catastrophe nucléaire, une montée des risques géopolitiques provoquant une flambée durable des prix du pétrole…