Thierry Supplie : Denturiste est le terme employé en Europe (il vient du mot anglais «denturist»), mais on dit plus couramment denturologiste. C’est le seul professionnel qui réalise à la fois la conception (avec analyse et prise d’empreintes sur le patient), la fabrication et la pose de prothèses amovibles, et effectue leur réparation. Il intervient lorsque tous les soins dentaires sont terminés, mais il dispose cependant de connaissances médicales lui permettant d’identifier et signaler un risque de pathologie.
Cette profession est aujourd’hui validée en France par une loi européenne du 25 février 2021, sans interdiction possible des chirurgiens-dentistes…
T.S. : En effet. La FID est en train de déplacer son siège social à Bruxelles, auprès du Parlement européen, pour aider à intégrer en Europe l’activité de denturiste, qui existe depuis 1970 dans le monde (Canada, Australie…). La Hollande, le Danemark, la Suisse, la Finlande, l’Angleterre, l’Irlande reconnaissent aujourd’hui ce métier. En France, les denturistes devront s’enregistrer auprès de l’Ordre national des chirurgiens-dentistes.
Vous dites que le denturiste apporte une qualité de soins tout en offrant la sécurité aux patients…
T.S. : Assurément. Tout d’abord, leur intervention permet aux chirurgiens-dentistes de gagner du temps, et ainsi effectuer plus de soins dans leur cabinet, améliorant ainsi les délais de prise en charge des patients. D’ailleurs, ce type d’appareillage est pour les dentistes source de problèmes que le numérique est incapable de gérer.
Côté patients, ceux-ci sont appareillés de façon plus rapide par une seule et même personne. Le denturiste, n’ayant pas de soins à réaliser, peut se rendre à domicile, ou en EHPAD, d’où des économies de déplacement (ambulance…) et la création de travail de proximité en France.
Enfin le travail effectué par le denturiste est de qualité française. Aujourd’hui le chirurgien-dentiste délègue la fabrication à un prothésiste dentaire. Les prothèses sont d’ailleurs souvent fabriquées à l’étranger par souci d’économie mais en générant une empreinte carbone.
Et au niveau tarif ?
T.S. : En supprimant ces longs échanges à distance, on observe une diminution substantielle du coût de la prothèse : une solution intéressante pour les patients comme pour les mutuelles ! Elle permet de rentrer facilement dans le RAC 0. Actuellement 59 % des patients déplorent un reste à charge trop élevé*.
Vous avez été le seul denturiste à intervenir lors d’un congrès de dentistes (Dentiste Expo 2019). Quelles formations proposez-vous ?
T.S. : La reconnaissance de l’activité de denturiste possible en France me permet de lancer la formation de denturologie, en cours d’enregistrement auprès du RNCP Répertoire Spécifique (niveau professionnel). Elle débute le 26 mars et s’adresse aux prothésistes dentaires ayant une expérience dans le domaine spécifique des prothèses amovibles. Après un test technique d’entrée, les participants bénéficieront de cours dispensés par des médecins de très haute qualification.
En résumé, peut-on dire que le plus gros avantage de faire appel à un denturiste est qualitatif et économique ?
T.S. : Bien sûr. Il faut savoir qu’en France le taux de renoncement aux prothèses dentaires pour raisons financières est supérieur à la moyenne européenne (38,6 % des patients*). Beaucoup de personnes notamment n’ont pas de mutuelle (environ 3 millions) et les praticiens font toujours beaucoup de dépassements d’honoraires. Ce type d’activité permettra à ces patients délaissés d’avoir un accès plus facile à ces appareillages avec un reste à charge diminué voire supprimé lorsque l’Etat remboursera les prothèses réalisées par le denturiste.
*Chiffres DREES.
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Formations Thierry Supplie
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