La CCI Bordeaux a organisé le 29 juin une «Nocturne de la transmission». Les raisons de cette édition : l’épée de Damoclès qui pèse au dessus de près de 8 000 sociétés en Gironde qui risquent de disparaître, faute de repreneur. En France ce sont pas loin de 600.000 sociétés qui se trouvent dans cette délicate situation.
85 entrepreneurs se sont retrouvés à la CCI Bordeaux Gironde pour la 14ème édition de cette rencontre dont le but est de mettre en relation vendeurs et repreneurs sous un format de «speed dating», et de partager des témoignages à travers une table ronde sur les processus de vente et rachat d’entreprise.
Vendre son entreprise demande patience et méticulosité
Aucune improvisation n’est possible quand on cède son entreprise. Philippe de Lamarlière, fondateur de Proximétal, société de 45 salariés basée à Saint-Aubin-de-Blaye qui faisait 5 millions d’euros de chiffre d’affaires au moment où il souhaitait la vendre, déclare à nos confrères de Sud-Ouest : «J’avais 63 ans quand j’ai vendu mon entreprise et cela a pris deux ans. C’est un processus long et complexe, où il faut être accompagné. A l’origine, c’est mon personnel qui devait la racheter, mais la crise les a refroidis, et surtout, il manquait un leader parmi eux», explique-t-il.
Les «bons repreneurs» ne courent pas les rues
Dans le cadre d’une reprise, la partie financière n’est pas forcément le critère unique et intransigeant, l’ensemble des qualités requises à la reprise de l’activité est tout aussi (voire plus ?) important. Pour preuve, le montant moyen d’un rachat n’est pas excessif et se situe autour de 180.000 euros pour les fonds de commerce, en revanche : «il faut quelqu’un qui ait la capacité à faire vibrer la société, à manager une PME, où il faut s’occuper de tout, de la production, des ressources humaines, du juridique…». Comme en amour, le profil du repreneur idéal peut tarder à se montrer. Pour Philippe de Lamarlière c’est la Fédération française du bâtiment qui l’a mis en relation avec son futur acheteur et la CCI l’a épaulé sur le volet juridique et fiscal de la cession.
Eric Bernard, ex-ingénieur commercial dans de grands groupes, est un repreneur potentiel. Ses critères de rachat : une entreprise de moins d’un million d’euros de chiffre d’affaire et de 15 salariés maximum. «Le problème est qu’il s’agit d’un marché caché, non structuré. Il ne faut pas faire peur aux salariés, fournisseurs, clients en dévoilant que la société est à vendre». Et de conclure que reprendre une société, c’est un «emploi à plein temps».
Un enjeu crucial pour ne pas voir mourir économiquement les plus petites communes
«Dans les 10 prochaines années, 8 600 entreprises seront à reprendre. Leurs dirigeants ont dépassé les 55 ans», explique Jean Talla, directeur adjoint appui aux entreprises à la CCI de Bordeaux Gironde. Afin d’aider les dirigeants revendeurs à se faire connaître auprès d’éventuels repreneurs et de trouver le profil qui convient, la chambre consulaire organise de plus en plus d’ateliers de sensibilisation avec des banques et des avocats.
Les rendez-vous individuels organisé à l’occasion des «Nocturnes de la transmission» permettent ainsi de multiplier les rencontres avec des repreneurs potentiels et de juger en un quart d’heure la possibilité d’une reprise. Il insiste en disant que «le facteur humain est la clé de la réussite dans une transmission». Les profils des repreneurs sont souvent réguliers et proches les uns des autres : «Il s’agit souvent de cadres de grands groupes, âgés de 40 à 45 ans, qui recherchent des sociétés dans l’industrie, avant tout, mais aussi dans les services à l’industrie et le commerce».
Dans un paysage économique pas très serein où le chômage de masse est au centre des préoccupations, la transmission d’entreprise est un enjeu primordial, à la fois sur le plan économique mais tout autant sur le plan territoriale. En effet de plus en plus de petites communes perdent la stabilité d’une activité économique à cause de la fermeture de commerces et d’entreprises locales qui ne trouvent pas de repreneur. Sans cette transmission de sociétés génératrices d’emplois et d’impôts, certains territoires risquent, à terme, de se trouver face à un mortifère phénomène de désertification.
Source : Sud-ouest