En Afrique, les besoins en projets de développement ne faiblissent pas

88

ProjetsAfrique_JuilletAoût2010

Au Nigeria, au Togo et dans d’autres pays africains, les moins de 15 ans représentent près de 50 % de la population. « Il s’agit d’un potentiel humain fort, précieux pour le développement économique, mais la formation, insuffisante et inadaptée, ne permet pas d’en faire un atout », constate Dambisa Moyo, écrivain et économiste zambienne. Pour produire de jeunes entrepreneurs et former les leaders de demain, le continent investit, mais certaines initiatives laxistes du passé rendent la tâche complexe.

 

En 2001, les chefs d’États africains avaient approuvé en grande pompe les discours du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement en Afrique). Très vite, les projets s’empilaient sans ordre de priorité et sans véritables études préalables, provoquant des échecs en cascade. Résultat : les parts de marché dans les productions mondiales – pourtant déjà faibles – continuaient à baisser. Dambisa Moyo donne l’exemple de la production dans le secteur du textile. « Alors que l’Afrique dispose de nombreuses conditions favorables pour ce marché (coût du travail, savoir-faire…), sa part de marché a diminué pour atteindre 2 % de la fabrication mondiale. » Mahmoud Mohieldin, ministre égyptien de l’Investissement, estime que « les projets de développement de l’Afrique s’éloignent de certaines erreurs du passé. Une approche beaucoup plus rigoureuse anime les initiatives actuelles. Nous n’avons pas de doute sur les progrès qui attendent le continent, même s’il faut reconnaître que la route sera longue. » Le nombre de projets sur les tablettes des grands bailleurs de fonds – la Banque africaine de développement, la Banque mondiale, la Société financière internationale, la Banque européenne d’investissement – ne cesse de croître. Les besoins du continent sont estimés à 35 milliards d’euros par an pendant au moins dix ans.

 

Quelque 25 milliards d’euros seraient nécessaires pour l’énergie, 12 milliards pour les transports et 3 milliards pour l’eau et l’assainissement. Les mêmes sommes sont envisagées pour assurer l’entretien et le fonctionnement. « Ces montants paraissent sans doute astronomiques, mais ils ne sont pas inaccessibles. Il faut, bien sûr, puiser dans les caisses publiques, mais aussi chez les investisseurs privés », souligne Dambisa Moyo. Forte de son excellente notation par les agences internationales, la Banque africaine de développement constitue un interlocuteur crédible aux yeux des autres partenaires. Afin d’encourager les investissements étatiques et privés, elle s’est dotée d’un département exclusivement consacré aux « projets d’infrastructures, au secteur privé et à l’intégration régionale ». Les projets ne sont aujourd’hui plus pensés en termes nationaux et publics, mais en termes régionaux, continentaux et de partenariats public-privé. « L’ancien cadre stratégique pour l’infrastructure du Nepad est remplacé par un plan d’action à court terme, plus réaliste humainement et financièrement », ajoute Mahmoud Mohieldin.

 

Ce plan a permis jusqu’à présent de financer une cinquantaine de projets. « Il faut noter qu’en moyenne, un dollar versé par la Banque africaine de développement attire un autre dollar issu de l’investissement privé et d’autres partenaires », précise Dambisa Moyo. Sur le plan énergétique, les projets visent à augmenter massivement l’électricité disponible pour répondre à l’explosion de la demande. On trouve également en portefeuille une trentaine de projets de grande envergure portant sur les axes routiers. Le continent doit répondre à des défis multiples qui concernent la démographie, l’environnement, l’alimentation, l’urbanisation…

 

Plus de 50 % des habitants d’Afrique subsaharienne n’ont pas accès à l’eau potable et 70 % à l’électricité courante. « Ces pays ont besoin de consacrer au moins 10 % de leur PIB aux investissements dans les infrastructures. C’est la condition sine qua non pour assurer une compétitivité et une intégration économique à l’échelle continentale », souligne encore l’économiste. « L’Afrique du Sud et le Zimbabwe figurent parmi les pays où le manque de rénovations infrastructurelles a le plus de conséquences néfastes. Des routes mauvaises et des camions défectueux multiplient toutes sortes de risques et ralentissent la productivité », illustre Terence McNamee, directeur de la fondation Brenthurst, qui œuvre en faveur du développement de stratégies d’expansion économique innovantes. Il cite également en exemple le marché automobile dont « l’augmentation des ventes reste assez faible, malgré une demande qui explose, en raison de la qualité médiocre des réseaux de distribution. »

Article précédentLe rapport Doing Business 2010 salue les efforts de réglementation commerciale en Afrique
Article suivantDepuis deux ans, l’île Maurice surfe sur la vague verte