Emploi des jeunes en Europe : les CCI autrichiennes allemandes & luxembourgeoises détiennent les clés

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Les chambres de commerce allemandes, autrichiennes et luxembourgeoises font cause commune contre le chômage des jeunes européens et pour l’amélioration de la formation professionnelle en Europe. À la mi-novembre, elles ont fait une déclaration en forme de credo : « Nous ne pouvons pas accepter que des jeunes aient le sentiment de n’avoir aucune chance en Europe. Ce sujet nous rend tous responsables quel que soit notre pays d’origine ». Ces trois chambres de commerce refusent de voir dans ce chômage des jeunes la seule conséquence de la crise financière. Il s’agit selon elles avant tout d’une inadéquation entre le niveau des jeunes diplômés et le niveau requis par les entreprises.

 

 

Un rôle prépondérant des CCI

Ces chambres de commerce se sont prononcées officiellement en faveur d’une intensification de la coopération européenne en matièrede formation professionnelle des jeunes. Cette « déclaration de Luxembourg » qui appelle les pays membres à adapter leur formation professionnelle aux besoins des entreprises, a été présentée à la mi-décembre à Berlin lors d’un congrès qui réunissait les directeurs des AHK (les chambres de commerce allemandes à l’étranger), le président de la DIHK (fédération des CCI allemandes) ainsi que les ministres de l’Enseignement des pays du Sud de l’Europe, de la Slovaquie et de la Lettonie. Il s’agit de pays durement touchés par le chômage des jeunes mais qui ont également en commun de détenir un enseignement professionnel entièrement dispensé dans un établissement scolaire et  pris en charge par l’Etat. Hans Heinrich Driftmann, président de la DIHK explique le quasi plein emploi des jeunes en Allemagne, en Autriche et au Luxembourg „ par le succès de la formation professionnelle par alternance mais aussi par le rôle important et institutionalisé que jouent les CCI et les entreprises dans la formation professionnelle.“ Selon Hans Heinrich Driftmann, le congrès berlinois a fait ressortir un intérêt des pays participants, mais aussi de  l’Europe et des autres pays membres pour le modèle de formation par alternance.         

                    

                                                                                                            

Des accords de coopération                                                                                                              

Un mémorandum a été signé par la ministre allemand de l’Enseignement et six autres ministres européens. Il prévoit de mettre en place en commun en Espagne, en Italie, en Grèce, au Portugal, en Slovaquie et en Lettonie des structures de formation par alternance. Par ailleurs, ce memorandum fixe la création et le développement d’ instances participatives où siègeront partenaires sociaux et économiques, y compris les chambres de commerce et d’industrie. « Les CCI allemandes tout comme les chambres autrichiennes et luxembourgeoises sont prêtes à mettre à la disposition des autres pays européens leur savoir-faire et leur expérience dans ce domaine », a déclaré Hans Heinrich Driftmann, précisant qu’en septembre dernier des accords de coopération pour la formation en alternance avaient déjà été conclus de manière bilatérale entre les chambres allemandes et leurs homologues espagnoles, suivis en novembre par l’Italie. Par ailleurs, il existe déjà des coopérations entre les structures allemandes et françaises.

 

 


 

Comprendre la déclaration du Luxembourg:

1- Les CCI luxembourgeoises, allemandes et autrichiennes demandent aux pays membres de l’Union européenne

– de réduire l’échec scolaire et de tout mettre en oeuvre pour préparer les élèves à une formation.

– de revaloriser la formation professionnelle au niveau européen afin qu’elle constitue un troisième pilier de valeur égale à la formation générale et à l’enseignement supérieur. Une plus grande perméabilité doit être assurée vers l’université.

– d’assurer la mobilité des apprentis en Europe. Les CCI s’engagent à soutenir ces efforts en créant des réseaux qui aideront les PME à l’organisation des séjours à l’étranger de leurs apprentis.

– d’intégrer les entreprises et les CCI dans la revalorisation de la formation professionnelle et de sa qualité. Cela suppose que l’Etat se désengage de certaines responsabilités qui seront confiées aux CCI et aux entreprises. Les expériences positives de l’Allemagne, de l’Autriche et du Luxembourg démontrent que dans les autres pays européens, les entreprises et les organes consulaires pourraient eux aussi devenir acteurs et propriétaires du système de formation en entreprises. Le modèle tripartite « entreprises, état et CCI » a prouvé qu’il pouvait combattre avec succès le chômage des jeunes. 

 

2 – La formation professionnelle par alternance

Les modèles allemand, luxembourgeois et autrichien reposent sur une formation professionnelle, généralement de trois ans, alternant entre l’entreprise où le jeune apprenti a été embauché et l’école professionnelle où sont dispensés les cours théoriques. Ce dispositif est étroitement lié aux chambres de commerce et d’industrie. Les entreprises ont voix au chapitre sur le contenu des cours et surtout, lors des sessions d’examens, ce sont des examinateurs issus du monde de l’entreprise qui aux côtés des enseignants, sanctionnent la fin des études par un diplôme. A titre d’exemple, 850 000 jeunes allemands ont suivi en 2011 une formation par alternance en entreprise et 356 000 d’entre eux ont été diplômés par une CCI. 

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