Ecotaxe. Ce mot est dans toutes les bouches depuis quelques mois, avivant toutes les passions. Cette taxe pigouvienne, du nom de l’économiste libéral britannique Arthur Cecil Pigou, qui a proposé d’internaliser les déséconomies externes, c’est-à-dire les dommages engendrés par l’activité d’un agent qui en rejette le coût sur la société, refait l’actualité depuis septembre 2012 lors d’une proposition du président Hollande pour l’appliquer aux poids lourds polluants. Seulement, le débat, la polémique et les manifestations houleuses des routiers auront encrassé les propositions qui ne sont toujours pas appliquées. Vendredi 29 novembre, le ministre de l’Agriculture a annoncé le renvoi de la loi à janvier 2015 sur le plateau de Jean-Jacques Bourdin, diffusé à la fois sur RMC et BFMTV. « Il faut passer par une loi de finances », a-t-il déclaré. Or, celle de 2014 vient d’être ficelée.
Un pusillanisme gouvernemental…
Le recours à l’emploi de la force des manifestants contre l’écotaxe semble payer. Les agriculteurs auront usé d’actions de plus en plus violentes, conduisant jusqu’à la mort, le 21 novembre au matin, d’un pompier, percuté par un barrage filtrant d’agriculteurs en plein milieu de l’autouroute francilienne qui paralysait le trafic de millions d’automobilistes. Dans la même journée, six personnes ont été blessées légèrement dans un autre accident. Huit jours plus tard, comme un effet boule de neige : le projet d’écotaxe du gouvernement est retiré jusqu’à au moins 2015.
Ou un effet d’annonce ?
« Cette annonce ne vaut rien pour nous. On n’y croit pas plus qu’à celle du ministre de l’écologie Philippe Martin, qui a promis début novembre la même chose, puis s’est fait taper sur les doigts par le premier ministre Ayrault.
Nous ce qu’on voit, ce sont trois années de prix gelés dans le secteur des transports par des client qui vivent dans la peur des taxes », a témoigné le porte-parole de l’Organisation des Transports Routiers Européens (OTRE), pour Commerce International. La distorsion de concurrence avec les transporteurs roumains et polonais qui ne seront pas soumis à cette loi ne peut plus durer. » Alors que vendredi matin, dans la foulée, après l’annonce de Le Foll, Matignon a assuré que le calendrier de l’écotaxe « n’était pas arrêté », samedi, donc, ce syndicat de tranport routier a bloqué les routes d’Ile-de-France. Selon le même modus operandi que les agriculteurs, ils ont mobilisé des poids lourds dans des barrages filtrants de 9h à 18h. Avançant sur des routes barrées et embrumées, les portefeuilles français ne semblent pourtant pas prêts d’être grevés par cette écotaxe.