École publique d’ingénieurs: l’enjeu informatique

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Changer de nom ne signifie pas forcément changer de nature. À l’École nationale supérieure d’informatique pour l’industrie et l’entreprise (ENSIIE), on en sait quelque chose. Cet établissement n’est autre que l’héritier de l’Institut d’informatique pour les entreprises (IIE), fondé il y a une quarantaine d’années. Il s’agissait alors d’un institut dépendant du Centre national des arts et métiers (CNAM). À l’époque, l’État cherchait à répondre au défi de l’informatique dans le cadre du Plan Calcul lancé en 1967 par Michel Debré, alors ministre de l’Économie et des Finances. L’IIE devint ainsi la première école publique d’ingénieurs en informatique. Installé à Évry (Essonne) depuis 1983, l’institut est devenu une école nationale supérieure en 2006. Ce qui n’a pas changé, en revanche, c’est l’orientation profonde de l’école vers les entreprises et la forte dominante des mathématiques au sein des programmes.

 

En formation initiale, l’enseignement repose sur quatre pôles : 45 % d’informatique, 26 % de mathématiques, 19 % de connaissance de l’entreprise et 10 % de formation humaine. Avec 140 places par promotion, la sélection est sévère et commence à Bac +2 minimum (CPGE, BTS, DUT, licence 2…) : 120 étudiants sont recrutés sur la base du concours Centrale-Supélec et les 20 autres sont recrutés sur dossier et entretien de motivation dans un souci d’ouverture. « Le niveau demandé en mathématiques est le principal filtre, le profil de notre formation exigeant d’exceller dans cette matière », souligne Andrea Iacovella, directeur adjoint de l’ENSIIE. « Nous sommes là pour donner à nos futurs ingénieurs des outils formels très puissants, car leur adaptabilité et leur évolutivité seront les clefs de leur réussite dans le monde du travail. » L’informatique étant un domaine en constante évolution, il nécessite davantage de polyvalence pour répondre aux besoins des entreprises que de perfectionnement sur des outils dont l’obsolescence est très élevée. L’ENSIIE délivre un diplôme d’ingénieur classique agréé par la Commission des titres d’ingénieurs (CTI) au bout de trois ans en formation temps plein. Elle propose aussi, depuis l’année dernière, une formation en alternance dont les entreprises sont très friandes et qui se fait en partenariat avec le Centre de formation des apprentis d’Évry (CFA EVE). Les ingénieurs diplômés de l’ENSIIE se dirigent la plupart du temps vers trois grands domaines : finance, SSII (sociétés de service en ingénierie informatique) et industrie. Ces tendances sont préfigurées par les choix de stages : chaque étudiant doit effectuer au minimum de 11 à 12 mois de stage durant sa scolarité (3 mois en 1re année, 3 en 2e année et 5 ou 6 en 3e année). Certains de ces stages se déroulent à l’étranger et la 3e année peut être effectuée entièrement dans une université étrangère (Allemagne, Canada, Danemark, Royaume-Uni et Suède). Ouverte depuis toujours à l’international, l’ENSIIE prospecte régulièrement dans des salons à l’étranger avec le ministère des Affaires étrangères, ainsi que d’autres écoles d’ingénieurs, dans le cadre du Réseau n+i (national + international).

 

« Par exemple, nous aimerions beaucoup faire des échanges avec la Chine, le Brésil, la Grèce ou l’Iran », précise Andrea Iacovella. En mai dernier, l’ENSIIE a inauguré le F2ie – fonds de dotation pour l’ingénierie informatique de l’ENSIIE – destiné à soutenir le développement de l’école et à valoriser le French engineering. Un outil destiné à renouveler les formes de partenariat avec le monde économique en valorisant les filières d’excellence en matière de formation. Avec l’ouverture récente d’une formation en apprentissage, l’ENSIIE connaît un afflux de candidatures (le nombre d’étudiants en alternance a triplé depuis l’année dernière). Ce succès s’accompagne de l’inauguration d’une antenne de l’école à Strasbourg. Disposant d’un bassin d’emplois très intéressant, l’Alsace ne possédait pas jusqu’ici d’école d’ingénieurs en informatique. L’ENSIIE est membre du PSEVS (le Pôle scientifique d’Évry-Val de Seine, auquel participent également le Génopole, l’université d’Évry-Val d’Essonne, Telecom Sud Paris, l’Ecole des mines de Paris et le CNES). Elle est membre également d’Opticsvalley, et de System@tics. L’ENSIIE n’a vraiment pas fini de grandir…

 

Informations sur www.ensiie.fr et www.iiens.net.

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