DIHK – Frappée par les inondations, l’Allemagne mise sur le sursaut post-traumatique

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Interruption des chaines de production chez VW, arrêt de centrales électriques sur le Rhin, le Neckar, et l’Elbe, dommages aux récoltes, commerces désertés… les inondations auront coûté au bas mot 12 milliards d’euros à l’Allemagne. Paradoxalement, l’expérience de 2002 prouve qu’une telle catastrophe engendre une croissance économique dans les régions concernées.

 

La décrue n’avait pas encore commencé que pouvoirs publics et assureurs font les comptes. Alors que l’ampleur de dégâts se chiffre, d’après l’agence de notation Fitch, à douze milliards d’euros, les dommages assurés atteigneront vraisembablement, selon la fédération des assurances allemandes (GDV), quatre milliards d’euros. Beaucoup moins que les inondations en Thaïlande en 2011, qui sont, avec 9 milliards de dommages assurés, l’événément le plus marquant qu’aient connu les assureurs depuis le début du siècle.

 

 

Assurance facultative

Mais les ruptures de digues, l’évacuation de villes et les interruptions du trafic ferroviaire ont aussi leurs dommages collatéraux, difficilement chiffrables. C’est la face cachée du sinistre qui, comme le remarque la DIHK, la fédération des CCI allemandes, frappe directement les petites entreprises sous-traitantes tout comme le secteur du tourisme et de la restauration. Ainsi, Alexander Schumann, économiste en chef de la DIHK constate  » les crues n’ont pas épargné la conjoncture. Les entreprises n’ont pas pu produire, les magasins sont restés fermés tout comme les restaurants; Tout cela nous coûte en croissance actuellement.“  „Dans certaines régions, les dommages devraient être supérieurs à ceux des événements de 2002, dont le coût total s’est monté à 11 milliards d’euros“, estime pour sa part, Eric Schweitzer, président de la DIHK.

 

 

La chambre de commerce de Basse-Bavière (IHK Niederbayern) estime pour sa part entre 3 000 et 4 000 le nombre de PME sérieusement touchées, dans sa région, par les inondations.

Dans ce pays où la couverture d’assurance contre les événements naturels est  facultative, un tiers de bâtiments sont assurés, nombre d’ entreprises ne sont assurées ni contre l’inondation, ni contre l’interruption d’activité et la perte d’exploitation. Les conséquences de ces événements inédits comme le note Walter Keilbart directeur de la IHK Niederbayern,  „ n’excluent pas le dépôt de bilan pour l’une ou l’autre de ces entreprises. “ Que ce soit en Bavière, en Saxe ou encore en Basse-Saxe, une entreprise sur neuf dans le secteur du bâtiment s’est déclarée en pertes d’exploitation après l’hiver très long et les inondations de cette fin de printemps.

 

 

Aides non bureaucratiques

Autant de raisons qui ont mené les CCI allemandes à mettre en place de manière „non-bureaucratique“, un service d’aides en ligne diffusant des informations sur les aides financières accessibles de manière à permettre une reprise rapide de l’activité. Berlin a du reste affirmé que le délai de mise en cessation de paiement bénéficierait d’une prorogation exceptionnelle.

 

Par ailleurs, un fonds d’aide de l’Etat fédéral a été créé à hauteur de 100 millions d’euros tandis qu’un programme de crédits, également d’un montant de 100 millions d’euros, a été débloqué. De même, à l’échelle de chaque Land touché, les gouvernements régionaux dispensent des aides. La Saxe octroie ainsi 1 500 euros à chaque foyer sinistré et jusqu’à 1000 000 euros aux entreprises non assurées. De son côté, la commission européenne a d’ores et déjà annoncé qu’elle viendrait en aide aux économies allemande, autrichienne et tchèque par le biais du fonds de solidarité européen mis en place après les inondations de l’année 2002.

 

 

Stimulations

Aussi spectaculaires que soient les dommages, ils ne jouent pas sur le moral des analystes économistes. Ils nourrissent en effet leur optimisme de leur expérience de 2002. Les crues d’il y a onze ans, pourtant qualifiées d’événement centenaire à l’époque, avaient au final peu pesé sur l’évolution économique. Cette fois encore, leur influence devrait rester minime.  L’Institut de recherches économiques de Halle (IWH) table sur une inflexion de 0,2 % du PIB entre avril et mai. „Sans les pluies et les crues nous aurions été étale“, ont déclaré ses  experts. Et d’affirmer que, comme en 2002, les inondations n’auront aucune conséquence à long terme sur l’économie. À l’époque, elles avaient même produit un milliard d’euros de   création de valeur, soit 0,05 % du PIB ! Il est prévisible que  les crues relancent la demande intérieure au second semestre. Comme en 2002, les foyers bénéficiant des aides vont se rééquiper et stimuler ainsi la consommation. Les collectivités locales vont de leur côté investir dans de nouvelles infrastructures.

 

La DIHK, qui vient de confirmer son pronostic de croissance à 0,3 % pour l’année, rappelle que, comme en 2002, les travaux de nettoyage, de remblai et de remise en activité des entreprises vont avoir un effet conjoncturel exceptionnel dont le bâtiment sera le premier bénéficiaire.

 

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