DIHK – Chypre : les entreprises allemandes veulent sauvegarder l’Euro

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Alors que la taxation des dépôts bancaires en Chypre a ravivé un sentiment anti-allemand dans le Sud de l’Europe, les CCI allemandes soutiennent l’action de leur gouvernement et privilégient la préservation de l’Euro, gage, selon elles, de stabilité économique.

 

Pour la plupart des 3,6 millions d’entreprises allemandes, Chypre reste une île au milieu de la Méditerranée. Elle pèse peu dans la balance commerciale allemande, atteignant la 72 ème place parmi les partenaires économiques de l’Allemagne, juste après la Bosnie et avant le Liban. Très peu d’entreprises y ont investi.

 

 

Aussi, davantage que le plan de sauvetage des banques chypriotes lui-même, ce sont ses retombées sur les marchés financiers qui inquiètent les entreprises allemandes. « L’économie allemande est concernée en premier lieu par la stabilisation de la monnaie unique. L’insécurité ressentie par certains épargnants et par certains instituts financiers ne doit pas remettre en cause les progrès obtenus pour résoudre la crise financière ailleurs en Europe », déclare Ilja Nothnagel, expert en commerce extérieur auprès de la DIHK, la fédération des CCI allemandes.

Ce souci de stabilité est également exprimé par Eric Schweitzer, le nouveau président de la DIHK. « Il faut aider Chypre, mais pas à n’importes quelles conditions. Le pays ne doit pas être privilégié  par rapport à la Grèce, l’Irlande ou le Portugal », déclare-t-il, rappelant que Chypre recouvre la surface de trois arrondissements berlinois et que son PIB équivaut à 0,2 % du PIB de la zone euro.

 

 

Eviter la contagion

Saluant l’action du gouvernement allemand, Eric Schweitzer appuie la position de la chancelière qui consiste à vouloir accompagner les aides par des mesures pour rendre Chypre plus compétitif. Selon lui, la position de Berlin dans la crise chypriote rejoint l’attitude générale adoptée depuis la crise de l’euro. « De nouveaux désordres autour de l’Euro ne conduiront certainement pas à une stabilisation économique.

Ce serait par ailleurs jouer avec le feu que de remettre l’Euro en question, les risques seraient impossibles à cerner », déclare Eric Schweitzer. « L’Euro est essentiel pour les entreprises allemandes, car nous vivons en grande partie des exportations. Prenons l’exemple de la Suisse, le franc était presque en parité avec l’Euro, cela aurait gravement touché l’économie. Il en serait de même si nous avions gardé le D-Mark. L’Euro rend nos produits meilleurs marché. »


Ce souci de la  stabilité prévaut pour les chefs d’entreprise allemands. Ceci d’autant qu’après un dernier trimestre 2012 plus difficile, l’horizon s’éclaircit à nouveau pour l’économie d’Outre-Rhin. « La conjoncture se stabilise pour nos entreprises. Toutes les branches, et principalement le secteur industriel envisagent les mois à venir avec optimisme. Depuis le début de l’année, les prévisionnels à l’export sont à la hausse de manière très visible, la demande émanant principalement des pays émergents asiatiques et des USA », constate Ilja Nothnagel, rappelant que l’Allemagne s’attend à une croissance de 0,7 % cette année.

Pour la DIHK, la discussion sur le sauvetage de la Chypre ne pourrait que raviver la crise de la dette et laisserait inévitablement des traces sur l’économie allemande.