Pour le président de l’Association ibéro-américaine des chambres de commerce (AICO), il y a des anniversaires auxquels il est important de participer. « Cent ans de vie d’une institution pourraient passer inaperçus dans un pays millénaire, mais dans un État né il y a seulement 200 ans, c’est un moment à célébrer », sourit Ambrosio Bertolotti, qui se réjouit que la 37e assemblée générale de l’AICO, du 26 au 28 septembre dernier, ait pu coïncider avec les célébrations du centenaire de la Chambre de commerce de Cali, en Colombie, où se tenait l’assemblée. D’autant que l’année écoulée a suscité l’optimisme des participants. « Jamais dans l’histoire de l’Amérique latine, la situation économique a été aussi favorable », constate le président de l’AICO. « La situation macroéconomique des pays de la région est généralement en ordre, avec des niveaux d’endettement raisonnables. Le temps de l’inflation à deux ou trois chiffres a disparu… Nous n’aurons pas d’excuse si nous ne profitons pas de cette conjoncture favorable. »
Tout est cependant loin d’être parfait sur cette partie du continent, en proie à une grande informalité. Alors que dans des pays comme la Colombie ou le Pérou, 50 à 60 % des entreprises sont informelles, ce taux dépasserait les 90 % dans les Caraïbes. « L’informalité toucherait en moyenne, en Amérique latine, 57 % de l’activité économique », explique le président de la Chambre de commerce de Cali, Julian Dominguez. Conscient de l’importance du phénomène, les membres de l’AICO ont fait de la formalisation le thème principal de leur assemblée générale. « L’informalité va à l’encontre de l’entreprise légalement constituée et n’apporte rien à la société », condamne Ambrosio Bertolotti avant de rappeler que non seulement une entreprise informelle ne paie pas d’impôts correspondant à toute activité économique, mais qu’elle ne contribue pas non plus au bien-être du travailleur.
Pour les représentants des chambres de commerce ibéro-américaines, il est donc urgent que les États baissent la charge d’impôts, surtout lorsqu’il s’agit de PME. « Le devoir des gouvernements, quelle que soit leur idéologie, est d’appuyer le secteur privé. Et il faut pour cela créer des impôts qui n’étouffent pas les entreprises, mais poussent à leur création », exhorte Ambrosio Bertolotti. La déclaration adoptée le 28 septembre par les membres de l’AICO préconise aussi que les États « établissent des sanctions sévères contre la piraterie et la contrebande de marchandises qui ont comme alliée l’informalité, laquelle affecte par conséquent sévèrement l’économie et le développement des pays et des entreprises ».
Au-delà des traditionnelles demandes officielles, les représentants des chambres de commerce ont profité de leur assemblée générale pour en savoir plus sur différents modèles de promotion de la formalisation mis en place avec succès dans certains pays. À Cali par exemple, un programme soutenu par la Banque interaméricaine du développement (BID) a permis de formaliser un grand nombre d’entreprises.
Invité d’honneur de l’événement, le président colombien récemment élu, Juan Manuel Santos, a quant à lui profité de l’intérêt des membres de l’AICO pour présenter son projet de loi relatif à la « formalisation et au premier emploi ». « Notre but est de formaliser 500 000 postes de travail et de créer 2,5 millions d’emplois durant les quatre prochaines années », a assuré le chef de l’État, qui souhaite qu’au moins une personne de chaque famille ait un emploi formel. « On sait que 80 % des entreprises disparaissent durant leur première ou deuxième année d’existence, tandis que les survivantes qui arrivent à la troisième année se formalisent », a en outre souligné Juan Manuel Santos pour justifier la mise en place d’un programme d’accompagnement réservé aux nouvelles entreprises durant leurs trois premières années de création. Le président colombien a aussi fait part de sa volonté de simplifier les procédures fiscales et commerciales pour favoriser la formalisation de l’économie avant de promettre des exonérations d’impôts pour promouvoir l’emploi dans les petites entreprises. « Un emploi digne, bien payé, donnant droit aux prestations qui lui correspondent », a-t-il précisé.
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