Il en va du coaching comme d’une foule de services contemporains : la promesse est belle, des espoirs s’ensuivent, mais les résultats ne sont pas à la hauteur. Qu’à cela ne tienne, on s’adressera ailleurs, convaincu que le praticien prime sur la pratique. Et s’il y avait là une erreur fondamentale ?
Source : Contenu fourni par Media Start, paru dans Le Point Stories, 03/02/2023

Ne pas prendre le symptôme pour la maladie

Jérôme Lacour est coach en prise de parole publique. C’est, du moins, ce que nous pensions en engageant la discussion. Immédiatement, l’intéressé conteste l’expression. Ce n’est pas la prise de parole en elle-même qu’il travaille, c’est «l’alignement identitaire» qu’elle suppose. Évidemment, c’est intriguant, mais il nous livre son postulat : les problèmes d’expression en public ne sont que des révélateurs. Ce sont des symptômes. On peut bien les traiter, mais il y aurait là une médecine de surface, le pansement plutôt que la médication. Jérôme fait face à un large public, des dirigeants de PME et des managers principalement, mais aussi des directeurs financiers, marketing, et finalement des individus qui couvrent toutes la hiérarchie de l’entreprise. Pourtant, toujours, c’est peu ou prou la même demande qui revient : «Je veux pouvoir échapper au stress, parvenir à délivrer tous mes messages, et le tout en prenant du plaisir».

Or, il importe d’entendre le vrai besoin sous la demande, le souhait profond qui éclaire toute démarche. Ce qui se dit véritablement, ce qu’il faut entendre, c’est la volonté de gagner en leadership, en crédibilité, en visibilité. Et en impact. Dès lors, deux enjeux forts émergent. D’abord, conquérir une forme de détachement émotionnel. Ensuite, être en mesure d’associer la précision et l’influence que réclame la fonction. L’approche classique, celle du coaching traditionnel, se donne pour mission de travailler les symptômes par toutes sortes de techniques. En soi, nous dit Jérôme, ce n’est pas une mauvaise chose. Ce n’est pas absurde. Seulement, on ne va pas loin ainsi. Hypnose, approche par la diction, gestion du stress, théâtre : tout ceci est très bien, mais temporaire. Toujours revient l’angoisse, car les mêmes causes produisent les mêmes effets. Pour le dire tout à fait concrètement : la même personne, avec les mêmes croyances et la même perception d’elle-même… aura les mêmes résultats. L’expérience prouve qu’il est plus facile de diminuer ces fameuses «interférences» que de chercher à augmenter son potentiel. Puisque le potentiel est là. Reste à savoir ce que sont ces «interférences», notion capitale dans l’approche de notre interlocuteur.

Une équation : le résultat, c’est le potentiel moins les interférences

 Interférence ou parasitage, qu’importe le terme choisi : entre l’identité que je me suis forgé et ma fonction se logent toutes sortes de représentations, d’injonctions, d’expériences, toutes sortes d’éléments qui produisent de la déperdition. Nous sommes ces ordinateurs rutilants, rapides, efficaces qui, avec les années, se mettent à ralentir et sous-performer. Trop de choses tournent en arrière-plan. Trop de bagages accumulés. Trop de lest. C’est à un nettoyage qu’il faut alors se livrer, à l’expression de la nature première. Ne pas focaliser sur le symptôme (la lenteur du PC, les mains moites ou la respiration saccadée), mais se réaligner sur soi-même, se mettre en situation de donner sa pleine mesure, d’exprimer sa véritable nature. Il faudra se libérer d’une pression bien compréhensible lorsque l’on occupe un poste de pouvoir : celle des autres… ou que l’on croit venir des autres.

Une distinction, alors, compte aux yeux de Jérôme, une distinction fondamentale. La souffrance n’est pas la douleur. La douleur est nécessaire, elle est consubstantielle à l’existence des êtres sensibles. Le corps et l’esprit sont exposés. Mais, la souffrance est optionnelle, c’est la douleur dépourvue de sens. Or, si prendre la parole est, certes, parfois douloureux, elle fait partie de mon parcours. Comme la tempête pour l’alpiniste. Elle a du sens pour lui. Il va jusqu’à l’aimer puisqu’elle lui révèle sa liberté, son endurance, sa détermination. Nul besoin de se faire applaudir lorsqu’il parvient au sommet. Dans un même ordre d’idée, celui qui parle doit absolument se défaire de l’assentiment général. Il parle parce qu’il a à le faire. Il doit s’aligner sur lui, pas sur l’avis des autres ou ce qu’il en suppose. Jérôme montre ici une certaine fermeté : «Vous n’avez aucune espèce de contrôle sur ce que pensent les autres, sur leur attention ou leur bonne volonté. D’ailleurs, vous n’avez pas à être soutenu, ce n’est pas une obligation». Il faut être authentique. Authentikos, en grec, «reconnu par sa propre autorité». Second effet : c’est ainsi que l’on se détache du résultat, ce résultat qui met tant de pression, dans une dynamique où l’on cherche davantage à «être» qu’à «avoir».

Bien sûr, il y a là un travail qui prend la forme du cheminement. Jérôme dénonce aussi le principe des 2 séances miracles dont on entend parler ici et là. L’accompagnement dure plusieurs mois et ses gains, ses bienfaits, débordent d’ailleurs largement le champ professionnel. Exprimer sa véritable nature, ne plus subir cette obsession du résultat, se détacher des attentes extérieures : voilà comment se bâti la performance oratoire. Mais dans un même mouvement, c’est le rapport à soi et à l’autre qui s’optimisent. Jérôme Lacour offre une session à qui voudra chercher en soi les ressources pour gravir son propre Everest.

Pour en savoir plus, rendez-vous sur : JEROME LACOUR CONSEIL