Commerce International : Une question s’impose, pourquoi un manga ?
Daniel Pink : « J’ai passé plusieurs mois à Tokyo en 2007 pour étudier l’industrie du manga. J’ai découvert que l’utilisation du manga est bien plus vaste au Japon qu’en Amérique du Nord ou encore en France. Au Japon, vous trouvez des mangas sur pratiquement tous les sujets. Pourquoi ne pas exporter le concept dans une autre partie du monde ? J’ai choisi un guide de carrière pour une raison simple. Il existe tant d’informations professionnelles en ligne que la plupart des livres de carrière sont inutiles. Dans le monde de Google, les informations précises et tactiques n’appartiennent pas au domaine du livre. J’ai donc décidé d’utiliser le manga. »
Pensez-vous que les jeunes cadres soient réceptifs à ce style ?
D. P. : « Oui. Les cadres les plus jeunes sont attirés par le visuel. Après des années passées devant la télévision et à surfer sur Internet, leur forme d’information favorite est un mélange d’images et de texte. En outre, ces cadres sont des individus polyvalents qui passent rapidement d’une activité à l’autre. L’une des particularités du manga est qu’il se lit rapidement. Avec mon collaborateur, Rob Ten Pas, nous avons conçu le livre pour qu’il se lise en moins de 45 minutes. Si cela prend davantage de temps, nous aurons échoué. »
Dans votre ouvrage se révèlent six leçons clés. Ces valeurs sont-elles d’autant plus adaptées qu’un changement dans nos sociétés capitalistes s’impose ?
D. P. : « Bien sûr. Aujourd’hui, à travers le monde, les gens remettent en question certains principes qui ont longtemps perduré. J’ai écrit ce livre dans ce but. En parlant avec les jeunes générations du monde entier au cours des dernières années, je me suis rendu compte qu’elles avaient les mêmes fausses idées préconçues sur le monde du travail que moi, 25 ans auparavant. J’ai donc voulu écrire un livre sur ce que j’aurais souhaité connaître un quart de siècle plus tôt, au début de ma carrière. »