Coupes drastiques dans le secteur bancaire européen

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D.R.
Avec la crise et de sévères règles prudentielles, les banques européennes sont contraintes à l’austérité.

Les temps sont durs pour le secteur bancaire européen, livré à l’austérité. Affaiblies successivement par la crise financière de 2008 et la crise de la dette souveraine en Europe, les banques européennes sont en pleine réorientation stratégique. Sommées de se soumettre aux nouvelles contraintes réglementaires édictées par les autorités de régulation, nombre d’entre elles ont décidé de sacrifier une grande partie de leur pôle de financement et d’investissement pour se recentrer sur la banque de détail. En alourdissant le coût en fonds propres des activités de financement et d’investissement, les nouvelles normes prudentielles promulguées par le comité de Bâle entament durablement la rentabilité des établissements bancaires et les conduisent à ajuster leur portefeuille d’activités. Des ajustements qui doivent tenir compte de difficultés plus conjoncturelles liées, par exemple, aux problèmes d’accès aux liquidités, notamment pour les financements en dollars.

 

S’y ajoutent enfin un contexte macroéconomique morose et une instabilité boursière qui paralysent les activités de fusions et acquisitions. C’est HSBC qui a donné le signal de l’accélération des plans d’économie en annonçant, début août, la suppression de 10% environ de ses effectifs, soit 30 000 postes, d’ici à 2013. La plupart des grandes banques européennes ont fait de même, dans des proportions variables. Côté français, BNP Paribas, a annoncé la suppression de 1 396 postes dans le monde, exclusivement dans les métiers de financement et d’investissement. Au Crédit agricole, on prévoit 2 350 suppressions de postes, dont les trois quarts dans la branche de financement et d’investissement, les autres dans les services financiers spécialisés (crédit consommation, affacturage et crédit bail), également gourmands en fonds propres et en liquidités. La cure d’austérité touche aussi la BFI de la Société générale, où ont été annoncées 1 600 suppressions d’emplois, soit plus de 13% des effectifs de cette activité qui concerne quelque 12 000 salariés à travers le monde. Outre-Manche, Royal Bank of Scotland a décidé de se retirer de nombreux métiers de la banque d’investissement.

 

Bilan: 3 500 postes supplémentaires supprimés dans ce secteur bancaire après les 2 000 déjà annoncés en août. D’ici un an, ces métiers qui, avant la crise, comptaient 24 000 personnes, devraient ne plus employer que 13 500. Symbole des excès de la bulle du crédit, RBS, dans laquelle le contribuable a dû injecter 45 milliards de livres (54,19 milliards d’euros), a annoncé presque 35 000 suppressions de postes depuis son sauvetage. « Notre but est d’être plus concentrés sur nos clients, d’être financés plus sûrement et plus efficacement, et d’obtenir des retours sur investissements meilleurs et plus stables », a expliqué son dirigeant Stephen Hester. Les banques américaines ne sont pas épargnées. Elles ont annoncé près de 40 000 suppressions de postes au cours des derniers mois, à l’image de Bank of America, qui prévoit de réduire ses effectifs de 30 000 postes sur 5 ans. L’âge d’or des années 2000 semble terminé pour la finance de marché.