À l’heure où le Covid-19 chamboule le monde entier avec crise sanitaire et crise économique additionnées, les tensions qui se jouent autour du prix du baril de pétrole depuis le début de l’année entre américains, saoudiens et russes, vont-elles aggraver les problèmes économiques de la France ?
Après s’être livrés une véritable guerre des prix et des taux de production depuis le début de l’année 2020, la Russie et l’Arabie Saoudite ont fini par s’entendre sur un accord concernant la production du baril début avril. Néanmoins les incertitudes persistent entre les mastodontes pétrolifères, ce qui pourrait s’ajouter à la crise que vit actuellement l’économie mondiale.
Mohammed Ben Salmane, le Prince héritier de l’Arabie Saoudite a tenu un véritable bras de fer économique avec Vladimir Poutine, le Président russe. Le sulfureux Prince de la monarchie saoudienne n’en finit plus de marquer de son empreinte l’économie mondiale. En ouvrant les vannes de la production pétrolifère tout en baissant les prix début mars, une crise s’en est suivie sur le cours du baril, au point d’atteindre un seuil négatif à New York avec des investisseurs qui payaient pour se débarrasser de leurs barils.
l’Arabie Saoudite a pu profiter de sa force de production pour faire fondre les prix
Si ce cas est exceptionnel, voir le baril dévier à ce point est tout de même inédit. Suite à la crise des subprimes de 2008, le baril avait justement atteint des chiffres records tandis que cette année, en pleine crise du Coronavirus, il fait route inverse. Washington qui tente tant bien que mal de gérer la crise sanitaire sur son sol, semble agacé par son allié historique saoudien, d’autant que Donald Trump avait noué des relations solides avec le Prince héritier depuis son arrivé à la Maison Blanche en 2016.
Alors que le virus entamait son désastre économique il y a deux mois, le Prince saoudien, contre l’avis de ses conseillers, décidait de cette manoeuvre sur la production de baril, qualifiée de «roulette russe» par Fatih Birol le directeur de l’Agence Internationale de l’Énergie. Le Président Poutine n’a pas voulu suivre et a continué à exporter normalement son pétrole tandis que Mohammed Ben Salmane demandait à Aramco, la compagnie nationale de pétrole, de tout faire pour gagner des parts de marchés sur les hydrocarbures.
Quid de la France et de l’Europe dans tout ça ? Si l’Hexagone est bel et bien dépendant des pays de l’OPEP pour sa propre consommation de pétrole, pour le moment l’économie de la France n’est pas impactée tant que cela par le prix actuel du baril. Les consommateurs, s’ils avaient l’usage normal de leur véhicule, pourraient même profiter de la baisse du tarif des carburants à la pompe. Une baisse des tarifs qui reste toutefois mesurée en comparaison de la chute des prix du baril, certains économistes parlent donc de bénéfice à court terme pour les consommateurs les plus touchés par les effet du Coronavirus (notamment les plus petites entreprises) mais la volatilité des prix pourraient entrainer des dommages sérieux à plus long terme pour l’ensemble du tissu industriel.