Ces caractéristiques économiques expliquent la nécessité des traités auxquels le Chili collabore : différents accords de libre-échange conclu avec le Mexique, le Canada, le Costa Rica et les pays de l’Amérique Centrale ; accords économiques complémentaires avec l’Argentine, le Pérou, le Venezuela et d’autres ; association dans le Mercosur en tant que membre partiel ; présence du Chili au Forum de Coopération Économique de l’Asie Pacifique (APEC) et l’actuelle négociation d’un accord de libre-échange avec les États-Unis, ainsi qu’un accord cadre de coopération politique et économique visant également à l’établissement d’un accord de libre-échange avec l’Union européenne.
En raison de la vocation exportatrice qui caractérise le Chili, son économie dépend à 50 % du commerce extérieur dont les exportations et importations s’équilibrent dans les mêmes proportions. Les exportations chiliennes, également réparties d’une façon très équilibrée, sont destinées pour 28 % à l’Union européenne, pour 26 % aux pays de l’Amérique latine, pour 23 % aux États-Unis et pour 20 % à l’Asie.
Cette ouverture du commerce extérieur a déjà conduit le pays vers un abaissement unilatéral des tarifs douaniers chiliens. Se situant aujourd’hui à seulement 8 %, ces faibles barrières tarifaires devraient encore baisser jusqu’à 6 % en 2003. Cette définition chilienne visant à l’élimination de toute entrave au libre-échange, servirait à négocier la réciprocité avec d’autres pays. L’ouverture vers les marchés extérieurs nécessite une très grande rigueur budgétaire qui a pour but de garantir une bonne classification risque-pays, de faciliter l’accès au crédit international et d’inciter l’investissement, créateur de richesse nationale et d’emplois.
Mais ce sont aussi ces mêmes mécanismes de bon fonctionnement de l’économie chilienne qui l’empêchent de devenir membre de plein droit du Mercosur. En effet, le Chili souhaite voir évoluer sa simple association vers une adhésion plénière, mais celle-ci a encore été retardée, autant en raison de la définition d’un accord de coopération macroéconomique – « notre petit Maastrich » selon le président Ricardo Lagos – que par la difficulté d’unifier les tarifs douaniers extérieurs. En effet, les droits de douane des pays du Mercosur sont en moyenne de 14 % alors que ceux du Chili ne sont qu’actuellement de 8 % et, en 2003, ils baisseront à 6 %.
Une industrie exportatrice dynamique
Grâce à sa politique commerciale extérieure, le Chili a réussi – pendant les dix dernières années – à maintenir un taux de croissance moyen annuel de 7 %, à contenir l’inflation autour de 3 %, à baisser le taux de chômage et à plus que doubler son PIB ainsi que le revenu par habitant, et ce avec une augmentation de la population de 14 à 15 millions.
En effet, à l’arrivée au pouvoir en 1990 de l’ex-président Patricio Aylwin, le revenu per capita n’était que de 2 100 dollars (2 377 euros). Aujourd’hui, celui-ci est monté à 4 300 dollars (4 867 euros). Cette augmentation du PIB permettra au Chili de tripler l’investissement dans l’infrastructure urbaine (routes, ports et aéroports du pays) ; d’augmenter le parc automobile (de 1 à 2 millions de véhicules) ; de faciliter l’accès à l’éducation supérieure (de 200 000 à 400 000 élèves) ; d’étendre la couverture de l’électricité dans les régions rurales (de 25 à 75 %). Enfin, le niveau de vie de la population en général va pouvoir être amélioré d’une façon très significative dans tous les domaines (santé, éducation, décentralisation, participation citoyenne, etc.).
Cet essor économique du Chili a surtout été induit par le dynamisme des industries minières (plus particulièrement celle de l’extraction du cuivre), de la pêche, des forêts, de la viticulture, mais aussi par la privatisation des travaux publics (construction de routes, de barrages hydrauliques, de prisons, etc.), ainsi que des services (financiers, de télécommunications, de transports…).
Le Chili avait néanmoins vu diminuer cette croissance économique en raison de la crise asiatique* dont l’impact avait provoqué une croissance négative en 1999 (-1 %) et un doublement du chômage (de 5 à 10 %). Au cours de l’année 2000, le pays avait de nouveau connu une croissance de 5,5 % incitée par le dynamisme de ses exportations. Cependant, la consommation des ménages s’était maintenue à un niveau bas, en raison du manque de stabilité de l’emploi. En fait, cette croissance n’a pas apporté de réduction significative du taux de chômage qui, lui, est resté autour de 9 %.
Pour l’année 2001, la croissance du Chili n’excédera pas les 3,5 % en raison des problèmes économiques que connaissent actuellement l’Argentine et les pays du Mercosur et du ralentissement mondial en général. Pour contrebalancer cette conjoncture mondiale difficile, le Chili dispose d’une bonne stabilité financière – on peut calculer ses réserves à 19 Md de dollars (21,5 Md euros). En outre, après les événements du 11 septembre, la confiance dont bénéficie le système financier chilien a été réaffirmée par le placement d’un bon du trésor de 600 millions de dollars (679 Md euros) à New York.
Des opportunités d’affaires à saisir
En dépit de ce contexte économique en somme assez positif, le Chili a encore un long chemin à parcourir avant d’atteindre le niveau de vie que le gouvernement ambitionne pour la population. Paradoxalement, ce sont également ces mêmes défis qui suscitent de nouvelles opportunités d’affaires dans le secteur privé. Elles consistent surtout dans la valeur ajoutée (secteur minier et agroalimentaire), mais sont aussi induites par le développement des infrastructures du pays et des services.
Selon les organismes internationaux compétents en la matière, le Chili, pays doté de l’administration la plus transparente en Amérique latine, est également celui qui est le plus compétitif de la région. Ces caractéristiques auxquelles il faut ajouter une grande stabilité sociale et politique, sont autant d’atouts pour l’économie chilienne.
Le gouvernement chilien a décidé de mettre à profit la compétitivité du pays afin de faciliter son insertion dans l’économie globale. Dans ce but, il a initié une importante réforme de l’éducation nationale qui se traduit par l’allongement de la journée scolaire, la connexion des écoles aux réseaux informatiques, l’amélioration des infrastructures du pays, ainsi que par une meilleure formation des professeurs et un encouragement à l’apprentissage de langues étrangères.
En attendant les résultats de ces réformes, le gouvernement chilien va devoir poursuivre ses efforts actuels et continuer à progresser dans les négociations visant à établir un accord de libre-échange avec les États-Unis, accord qui – au rythme actuel des discussions – devrait être signé au début de l’année 2002. De même, les négociations que le Chili a initiées au sujet d’un accord d’association politique et économique avec l’Union européenne pourraient également être signées au cours de cette même année.
* La crise asiatique qui avait débuté en 1998 et la chute des matières premières qui s’en est suivie, sont intervenues alors que le Chili connaissait un taux de croissance de plus de 7 %.