Attendant les excuses du roi, Hugo Chavez a d’abord indiqué le 14 novembre qu’il allait procéder à « une profonde révision des relations politiques, diplomatiques et économiques avec l’Espagne ». Le 25 novembre, le leader de la gauche bolivarienne précisait sa sentence : les relations avec l’Espagne sont désormais « congelées », suggérant ainsi un changement radical des orientations économiques du pays. Mais pour Victor Maldonado, directeur exécutif de la Chambre de commerce et d’industrie de Caracas, « les propos du Président sont à prendre avec beaucoup de précaution. Personne ne sait ce que signifie exactement congeler les relations bilatérales. Peut-être s’agit-il d’interrompre les investissements ? Mais si c’est le cas, c’est un véritable hara-kiri que vient de s’asséner le Venezuela ! ».
Bien qu’étant le troisième pays exportateur de pétrole au monde, le Venezuela est loin d’être autosuffisant dans de nombreux domaines. « L’économie vénézuelienne est fragile, elle dépend beaucoup des investissements étrangers et des exportations », signale Victor Maldonado. Alors, depuis qu’Hugo Chavez a décidé de « refroidir » également les relations avec le voisin colombien, les entrepreneurs du pays s’inquiètent. À Caracas, on pointe du doigt l’attitude du Président, craignant que le discours politique ne contamine les relations commerciales. À Madrid, la Plate-forme démocratique des expatriés vénézuéliens estime qu’en cas de gel des relations commerciales, « le Venezuela en sortirait perdant ». L’Espagne est le deuxième investisseur étranger au Venezuela, après les États-Unis. Les sociétés espagnoles jouent un rôle important dans de nombreux pans de l’économie vénézuelienne comme les transports, l’énergie et les télécommunications. De plus, comme le souligne le directeur de la Chambre de commerce de Caracas, « la majeure partie de ces investissements espagnols est en réalité des investissements provenant de l’Union européenne. Il est donc peu probable que le Président décide de rentrer en conflit avec l’un des plus puissants blocs économiques du monde ». Les entrepreneurs vénézueliens se veulent donc optimistes, espérant qu’après ces incartades diplomatiques, la raison reprendra le dessus.