Didier Kling et les membres du bureau de la CCI Paris - Île-de-France

 Suite à de sérieux remaniements au sein de ses effectifs et une révision de ses activités, la CCI Paris Ile-de-France souhaite trouver une nouvelle dynamique. Si la CCI n’est pas à l’abri d’une nouvelle réduction de ses ressources budgétaires, elle ne devrait pas entrainer une nouvelle restructuration mais des ouvertures de capital, notamment au sein de ses grandes écoles.

A quoi sert la CCI de Paris Ile-de-France aujourd’hui ?

Elle couvre toute l’Ile-de-France et représente 670.000 entreprises qui la financent par le biais d’une ressource fiscale et elle présente la particularité d’être accompagnée de chambres départementales, qui se chargent de l’exécution de ses missions sur le terrain. Il est important d’avoir des bureaux là où ils sont le plus utiles, au coeur des territoires qui bougent.

Quelle est la nature de vos prestations ?

C’est d’abord l’appui aux chefs d’entreprise, de la création d’une société aux conseils, par exemple où et comment exporter. Nous avons aussi une mission consultative qui consiste à étudier les projets du gouvernement qui concernent les activités des entreprises et à prendre position. C’est le domaine, par exemple, de l’Institut français des administrateurs pour toutes les questions de gouvernance, de Paris – Ile-de-France Capitale économique pour l’attractivité, de Crocis pour les études économiques, ou encore du think tank Institut Firedland. Nous sommes aussi dans l’enseignement qui représente 60 % de nos effectifs avec 19 écoles. Parmi lesquelles HEC, l’Essec, l’ESCP ou encore les Gobelins, et des centres de formation des apprentis. Elles forment 60.000 personnes par an, dont 15.000 apprentis. Enfin, nous avons une activité salons et congrès que nous continuons à développer avec des partenaires car notre vocation est aussi d’exporter notre savoir-faire dans ce domaine pour contribuer ainsi aux exportations des entreprises françaises.

On évoque de nouvelles coupes dans le budget des CCI, allez-vous pouvoir continuer sur la même trajectoire ?

Notre feuille de route est clairement d’être utiles au développement économique. Ensuite, on peut certes distinguer les activités qui sont financées en tout ou partie par la loi de finances, de celles qui le sont par la vente de services. C’est le cas de nos écoles puisque nous percevons des frais d’inscription mais il faut savoir que nous sommes parfois amenés à compenser leurs déficits d’exploitation, qui peuvent atteindre une dizaine de millions d’euros dans certains cas, avec des crédits qui proviennent de la fiscalité, en l’occurrence de la taxe pour frais de chambre. Nous avons engagé un gros travail pour clarifier les choses, par exemple en dotant HEC d’un statut. En fait nous sommes dans la même situation que La Poste, qui est confrontée à la baisse de ses recettes en raison de la chute du courrier. Nous devons, nous aussi, développer des activités compétitives pour assurer l’ensemble de nos missions.

Quelle est la part de la fiscalité dans votre budget ?

Le budget de la Chambre est de 600 millions d’euros – hors activité des salons – sur lesquels la part de la fiscalité représente encore 200 millions d’euros. Mais les recettes fiscales atteignaient 400 millions d’euros en 2013.

S’il est voté comme tel, le projet de loi de finances se traduira, dans votre budget, par une nouvelle baisse de 37 millions d’euros. Allez-vous engager un troisième plan social ?

Non. Les précédents plans d’économies ont été accompagnés de 1.015 départs, contraints pour certains. Maintenant nous devons clairement repasser en mode projet, reconstruire. Mais il est exact que si notre budget est effectivement amputé de 37 millions d’euros, il faudra bien que je les trouve quelque part ! Vendre les salons ? Nous aurions assurément des acheteurs mais vendre le Salon de l’agriculture ou le SIAL est-il réaliste ? Il y a là de vrais enjeux économiques qui dépassent le cadre de la Chambre ! Veut-on nous forcer à vendre une de nos grandes écoles de commerce ou à en ouvrir largement le capital ? Nous avons des demandes du Qatar où HEC est implanté et, plus généralement, du Moyen-Orient mais aussi d’autres pays comme Singapour où nous sommes également présents. Quant à la suggestion qui nous est parfois faite de regrouper nos trois écoles de commerce pour générer des économies, elle ne résiste pas à un examen sérieux. Chaque école a une stratégie différente. Et, qui plus est, il faut les développer, mettre à niveau certains de leurs équipements qui vieillissent.

Vous ne pouvez pas non plus rester dans l’incertitude budgétaire d’une année sur l’autre, quelle est la solution ?

Le vrai sujet, c’est de poursuivre le travail que nous avons déjà bien engagé pour gérer séparément les activités qui sont du ressort du service public et les autres. Cela peut demander encore un peu de temps et surtout une visibilité sur nos ressources. Mais cela passe aussi par une clarification des rôles. Nous avons une cinquantaine de chambres à l’étranger, en fait des entreprises que nous avons autorisées à s’appeler «chambre de commerce». Laissons-les poursuivre leur travail efficace et laissons Business France développer des activités là où nous ne sommes pas.

 

Source : Les Echos