CCI françaises : « La France, combien de divisions ? »

80
La France manque de bataillons de – grosses – PME indépendantes, à la croissance connectée à haut débit sur la mondialisation et protégée des aléas par une diversification des clients, marchés et sources.

Notre problème d’offre est provisoirement sans effet macroéconomique grâce à l’euro, et nous n’avons jamais autant exporté. Mais plusieurs constats demeurent inquiétants : progression des importations, spirale des délocalisations compétitives et des rachats plus ou moins bien intentionnés, fragilisation des tissus économiques (régions, territoires, mais aussi filières, pôles), insuffisance des brevets et des marges. Les CCI, partenaires de 2 millions de patrons, ont engagé la mobilisation de nouvelles entreprises vers les marchés étrangers pour réenclencher une croissance créatrice d’emplois fondée sur les ventes et le développement durable des PME. Car un nombre important d’entreprises mutualisant les efforts de compétitivité (infrastructures, formation, R&D, innovation) en partageant risques et fardeau fiscal, facilite l’adaptation collective. Il permet aux écosystèmes de services en France et à l’étranger (publics et privés, banques, assureurs, juristes, conseils, logisticiens) de déployer des moyens.

 

Moins menacées par une concurrence étrangère favorisée par les effets de coût, de change et de volume, les PME internationalisées deviennent plus rentables, plus croissantes et plus solides. Leurs frais fixes et coûts d’innovation sont mieux amortis. La motivation des équipes et dirigeants (souvent actionnaires) se dope, tandis que la relation avec de nouveaux clients induit un triple effet vertueux de référence, de réseau et d’expérience. Mobiliser 15 % des PME de 20 à 500 employés de France suppose une mise sous tension du réseau des Chambres, une mise en synergie des métiers consulaires de formation, d’appui à la création, à la cession-transmission d’entreprise et à l’innovation, et une systématisation des actions de détection-coaching sur la base des programmes nationaux et de réussites étrangères. Cela suppose surtout un jeu d’équipe associant les partenaires publics et privés, en France et à l’étranger pour brancher plus et mieux les entreprises sur la mondialisation.

 

Un premier accord, avec « Partenariat France », a déjà été signé. L’inspiration est germanique. Le modèle d’un réseau de connexion et de solidarité d’entrepreneurs associant Chambres en Allemagne et Chambres allemandes à l’étranger, avec l’appui financier et technique de l’état fédéral, des Länder, et le volontariat actif du secteur privé permet une mobilisation générale permanente autour de l’exportation. Les résultats sont assez exemplaires en termes de commerce extérieur, de puissance économique et industrielle, accessoirement d’emploi. La France ne peut se contenter d’une efficacité renforcée des dispositifs d’accompagnement des entreprises dans une guerre économique où l’éparpillement des moyens et plus encore la déconnexion des besoins des entrepreneurs sont contreproductifs. Cela reviendrait à être en retard d’une guerre économique. Au-delà du projet consulaire « 10 000 », la réorganisation de l’équipe de France vers une « Alliance française » pour l’export est nécessaire. Cela n’est d’ailleurs pas une idée très nouvelle, mais comme l’a dit avec humour le président de l’Union des CCI françaises à l’étranger lors de la journée AGIR : « Une vision sans mise en œuvre est une hallucination. »