La mise en œuvre de la prochaine loi de finances de l’État, telle qu’elle est prévue, pourrait aboutir à la suppression de 70 des 113 emplois de la Chambre de commerce et d’industrie (CCI) de Rochefort-Saintonge, et à la disparition de 30 des 80 emplois que compte la chambre consulaire de La Rochelle. Robert Butel et Jean-Claude Delaune, les deux présidents, l’ont affirmé hier à La Rochelle, à l’occasion d’une conférence de presse de « crise ».
Le résultat d’une addition en forme de soustraction. Après avoir ponctionné 20 % des ressources fiscales des CCI (taxes prélevées auprès des entreprises) cette année, le gouvernement envisage de prendre encore 37 % l’an prochain. Il compte par ailleurs prélever 500 millions d’euros sur les fonds de réserve du réseau consulaire. La ponction serait ainsi de 2 millions d’euros sur trois ans pour la CCI de Rochefort et de Saintonge et de 10,5 millions pour celle de La Rochelle.
Les chambres de commerce n’ont pas le droit d’emprunter, sauf autorisation spéciale de leur ministère de tutelle. La CCI rochelaise avait donc mis de côté 14 millions d’euros pour investir dès 2015 dans l’extension du campus de l’École supérieure de commerce (7,5 millions d’euros), du Cipecma de Châtelaillon (1 million), dans l’aménagement de l’aéroport de La Rochelle-île de Ré, la création d’un port à sec à Chef-de-Baie… L’État vient anéantir ses projets d’un coup, provoquant l’indignation du président Butel : « C’est un véritable hold-up ! Un hold-up du gouvernement, sur l’argent des entreprises ! »
Conséquence : 30 emplois d’agents publics directement menacés à l’aéroport qui risque d’arrêter ses activités – une compagnie low-cost s’en est inquiétée, dès hier -, et des dizaines d’emplois indirects en danger autour du tarmac comme dans l’industrie locale du tourisme.
Le président envisage, également, de ne plus remplacer les départs à la retraite au siège, soit 4 à 5 par an. L’externalisation de pas mal de services consulaires limite la casse sociale. Ce qui n’est pas le cas à Rochefort, où la masse salariale constitue 65 % du budget annuel. La structure va devoir lâcher la formation pour se recentrer sur sa mission de base d’appui aux entreprises et faire des économies. « Le ministre nous dit d’augmenter le prix de nos services aux entreprises pour compenser, explique Jean-Claude Delaune. Mais il faudrait les multiplier par trois, c’est impossible. »
Le président envisage donc de fermer des centres de formation, des antennes décentralisées…
La Charente-Maritime paye, a elle seule, la moitié des 25 millions d’euros à prélever en Poitou-Charentes. Alors que rien n’est demandé à la CCI de Niort, de Poitiers, ni même de Nantes ou Bordeaux. « Personne ne nous dit officiellement pourquoi », relève Robert Butel. Un président qui explique que la fusion précipitée des deux CCI du département ne résoudrait rien. « On gagnerait quelques milliers d’euros là où on nous demande des millions. »
L’impact prévisible des mesures en projet est-il si lourd que ça, si préjudiciable à l’économie locale ? Au 15 mars 2015, quoi qu’il en soit, les chambres consulaires devront avoir signé leur chèque et s’accommoder de nouvelles règles fiscales, beaucoup moins favorables. À moins que le gouvernement, mis sous pression, ne finisse par reculer ou par négocier. Avant d’alerter les médias, les CCI de Charente-Maritime ont frappé à la porte des parlementaires locaux et des maires pour faire passer le message. Au plan national, le bras de fer est engagé et une pétition circule. « On est entré en résistance », prévient Jean-Claude Delaune qui craint, à défaut de bonnes nouvelles, de devoir mettre rapidement la clé sous la porte.