Alors que les députés anglais ont rejeté le 16 janvier l’accord sur le Brexit, et que pour l’instant rien n’a été encore validé, la tension monte du côté de l’Allemagne qui est la première puissance économique d’Europe et également le plus gros client du tunnel sous la manche qui est emprunté chaque jour pour faire fonctionner l’économie. La possibilité d’un Brexit dur serait l’option qui fait le plus peur aux européens, aux économistes comme aux entreprises.

L’Ambassadeur d’Allemagne en France, Nikolaus Meyer-Landrut qui était en déplacement dans les Hauts-de-France en décembre 2018 pour évoquer les différents problèmes à régler, s’était rendu à Calais pour discuter avec les personnes directement impliqués autour du tunnel et montrer l’attention particulière portée par l’Allemagne sur cette voie sous-marine. Il déclarait alors : «C’est plus de 80 % du trafic de biens entre l’Europe et la Grande-Bretagne qui passent par le tunnel. Celui-ci est un vecteur majeur entre les économies mais il a été conçu sans contrôle et ce flux a changé les pratiques des acteurs.»

Il insistait ensuite sur le poids de l’économie allemande lié au tunnel sous la Manche : «Avec 15 milliards d’euros par an (contre 11 milliards pour la France), l’économie allemande est le plus grand client du tunnel avec à peu près 25 % du trafic. Je m’y suis rendu, avec le président de la Chambre de Commerce allemande pour la France, pour savoir quel type d’informations nous pouvons mettre en place pour que les opérateurs allemands de toutes les tailles puissent prendre la mesure de ce qu’il va arriver.»

Au sujet des secteurs les plus touchés, il pointait en premier le marché automobile, le Royaume-Uni étant un client majeur, des véhicules allemands franchissant la frontière pour l’exportation, de même que les pièces détachés. Il citait aussi le cas de Mini qui appartient à BMW et qui a des pièces construites à la fois en Angleterre comme en Allemagne pour un volume de 2 milliards rien que sur ce secteur. L’électronique serait lui aussi durement touché par un Brexit dur.

Un Brexit dur serait la pire chose, mais il est indispensable de s’y préparer

L’Ambassadeur continuait en déclarant : «Nous espérons tous une sortie basée sur un accord mais nous ne pouvons pas dire aujourd’hui qu’il y ait une certitude à ce niveau. Donc la préparation doit se faire dans le cas où il n’y aurait pas d’accord.»

Il exhortait alors les deux puissances continentales de s’unir pour une politique douanière efficace en cas d’échec sur un accord lié au Brexit : «En France et en Allemagne, nous sommes en train de mettre en place des législations nationales. Il y a un recrutement de plusieurs centaines de douaniers, dans les ports mais aussi pour l’administratif et les contrôles. Chaque année, sur 1,6 million de camions passant par le tunnel, un quart va vers l’Allemagne. Il faut intégrer ce flux et ça nécessite des moyens importants pour les États et les entreprises.»