Le cabinet d’audit et de conseil KPMG, publiait ces dernières semaines une étude estimant que les prix des ingrédients composant le petit déjeuner typique des britanniques, pourraient significativement grimper si le Royaume Uni ne négocie pas d’accord de libre échange ou de régime transitoire avec l’Union Européenne.
KPMG estime à 12.8% la hausse prévue du « typical breakfast », passant de 23.59 à 26.61 livres sterling (20.75 à 23.46 euros), dès la sortie du Royaume-Uni de l’UE, programmée en mars 2019. Sans aucun accord, le Royaume-Uni serait sous le régime de l’Organisme mondiale du commerce, et devrait appliquer des tarifs douaniers aux produits importés. KPMG a donc appliqué dans son étude les droits actuels des douanes de l’UE sur les denrées des pays tiers, en prenant en compte la marge du vendeur et les prix d’un supermarché britannique de grande ampleur qui vend des aliments milieu de gamme.
Le jus d’orange, l’huile d’olive et le beurre seraient les plus impactés
Plus en détail, le jus d’orange avec ses fruits importés d’Espagne et pressés en Irlande grimperait de 34%, l’huile d’olive italienne et espagnole monteraient de 30%, le beurre importé de France et du Danemark de 25%, la confiture de fraise de 24%, les saucisses de porc et le bacon monteraient respectivement de 20 et 9%, la production porcine s’étant écroulée au Royaume-Uni depuis les années 90, et qui a chuté de 24% en 15 ans ! Seuls les oeufs, le lait et le pain de mie, produits majoritairement au Royaume-Uni ne verraient pas leur prix augmenter.
La facture serait encore plus salée en ajoutant la chute de la livre et les hausses de coûts
«Si le Royaume-Uni devait quitter l’UE sans nouer d’accord de libre-échange ou de régime transitoire nous devrons nous attendre à la fois à une hausse des prix et à une augmentation des lourdeurs administratives à la frontière», signale Bob Jones, directeur en charge des impôts indirects et des douanes liés au Brexit au sein de KPMG. «Il est également important de rappeler que notre analyse ne prend même pas en compte la hausse des coûts qui frappe déjà les consommateurs et les commerçants en raison de la chute de la livre sterling ou encore du coût qui serait généré par d’éventuelles nouvelles barrières non tarifaires (licences de vente de certains produits, autorisations réglementaires NDLR) », conclut-il.
La hausse du coût des aliments importés au Royaume-Uni a déjà fait parler d’elle dans les médias britanniques. Jamie Oliver, qui anime différentes émission sur Channel 4, avait du fermer six établissements de sa chaine Jamie’s Italian, car ces restaurants, importaient beaucoup d’ingrédients italiens, et leurs prix avaient flambés après le vote du Brexit, avec notamment un prix des pâtes qui avait bondi de 10%.
Les effets du Brexit commencent déjà à se faire sentir sur l’économie britannique. Après avoir certes bien résisté les premiers mois, la croissance britannique est passée à 0.2% (contre 0.7% au dernier trimestre 2016), en raison d’ailleurs de la hausse des prix qui influe sur la consommation des ménages, comme le signalait en juin l’ONS, l’équivalent de l’Insee outre-manche.