Mobilisé depuis le 17 novembre 2018, le mouvement des gilets jaunes pourrait faire perdre gros à la croissance française au dernier trimestre puisque la Banque de France a déjà divisé par deux ses prévisions de croissance pour le dernier trimestre 2018, tandis que de nombreux analystes économiques ne cachent pas leur pessimisme.
Alors que le gouvernement tablait depuis de nombreux mois sur 1.7% de croissance pour l’année 2018, le mouvement des gilets jaunes porte un sérieux coup aux perspectives de croissance envisagées par l’exécutif. La Banque de France a d’ors et déjà divisé par deux ses prévisions pour le dernier trimestre, passant de 0.4% à 0.2% de croissance attendue. Celle-ci explique que l’impact du mouvement des gilets jaunes s’est fait sentir dans la plupart des secteurs économiques.
«L’activité des services décélère sous l’effet du mouvement actuel. Les transports, l’hôtellerie, la restauration et la réparation automobile régressent et seuls les secteurs des services aux entreprises restent dynamiques» selon la Banque de France.
La production industrielle chute depuis le début du mouvement
L’industrie a ralenti sa production dans la plupart des secteurs, notamment sur ceux de l’automobile ou de l’agroalimentaire où une baisse de la consommation s’est faite ressentir en novembre alors que la période est généralement propice à un regain d’activité. L’industrie manufacturière aurait connu en novembre son pire bilan en plus de deux ans selon IHS Markit. Les stocks de marchandises s’entassent et les effectifs n’augmentent globalement plus. Le secteur du bâtiment reste lui en croissance mais voit un ralentissement de sa progression malgré des carnets de commandes bien garnis.
La nouvelle prévision de croissance de la Banque de France est bien en dessous des 0.8% de croissance nécessaire au dernier trimestre pour tenir l’objectif des 1.7% affiché par l’exécutif, et certains analystes sont plus pessimistes encore, en prédisant seulement 0.1% de croissance au dernier trimestre.
Bruno Le Maire, le ministre de l’Économie et des Finances, fait état lui-même d’un bilan catastrophique pour le pays suite au mouvement des gilets jaunes déclarant: «Je pense que les événements actuels devraient nous faire perdre 0,1 point de croissance de notre richesse nationale au dernier trimestre», soit environ 2 milliards d’euros. Celui-ci refuse néanmoins d’abaisser les prévisions annuelles de 1.7%.
Le plus à craindre c’est que le mouvement se poursuive jusqu’à la fin décembre et fasse perdre encore plus gros qu’en novembre sur le dernier mois de l’année, alors que le Président de la République, Emmanuel Macron, a fait des concessions importantes pour tenter de satisfaire le mouvement, notamment en rehaussant le niveau du Smic de 100 euros dès janvier.