Bercy – L’Etat prône l’achat innovant à ses services

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Une conférence destinée aux acheteurs publics a eu lieu jeudi 11 avril à Bercy pour mettre en avant l’achat innovant. Inscrit dans son « Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi », ce nouveau principe a pour but d’accompagner les PME de croissance innovantes par l’achat public.

 

Le jeudi 11 avril dernier, le SAE (Service des Achats de l’Etat) organisait à Bercy une conférence intitulée « Achats Innovants » à destination des acheteurs des Services Publics. Répondant à un engagement de l’état inscrit au « Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi » (2% d’achats vers les entreprises innovantes), cette conférence visait à encourager les décideurs de la fonction publique à investir dans des entreprises innovantes françaises et à acheter leurs solutions.

 

Dans son discours d’introduction, Arnaud Montebourg, ministre du Redressement Productif, a encouragé les deux cents acheteurs publics présents à prendre des risques. « Vous n’êtes pas obligés de prendre toujours les mêmes ampoules ! Vous pouvez mettre 2% de vos commandes dans l’audace ! Il y a une part de risque dans l’innovation, mais elle est pour l’entrepreneur. J’aimerai que nous prenions aussi notre part de risque par solidarité avec ceux qui innovent. Prenez des risques dans vos commandes, c’est votre responsabilité ».

 

                        

 

Le ministre est également revenu sur l’impact de l’achat public sur le tissu économique français et la nécessité de privilégier le « Made in France » malgré les règles européennes. « Nous sommes une passoire dans la mondialisation déloyale. Aux Etats Unis d’Amérique, les pourcentages (NDLR d’achats publics) sont plus faibles, car le champ public est plus réduit. Mais il est 100% fermé ! Il y a le « Buy American Act ». Je suis désolé, utilisez les règles de la réciprocité. Observez le comportement des entreprises, leur nationalité, le lieu de production, le lieu de localisation. Si on vous enquiquine, je vous couvre. J’irai plaider votre cause auprès des Bruxellois ! ».

 

Devant une assistance séduite et reprenant son fer de lance du « Made in France », Arnaud Montebourg a également mis en avant l’importance que peut avoir une commande publique dans la vie d’une petite entreprise qui se lance. Propos repris par Fleur Pelerin dans son intervention de l’après-midi. « La commande publique doit être au service des PME et leur permettre de se développer. Elle peut être un levier extrêmement efficace qui permet de stimuler les entreprises et, par là même, l’innovation, comme cela a pu être le cas pour l’éco-système de l’économie numérique qui, en Israël par exemple, a été beaucoup tiré par les marchés du ministère de la Défense ».

 

Ces engagements des deux ministres concernés par ces nouvelles directives ont pu être mis à profit pendant cette journée au cours de laquelle des tables rondes ont eu lieu pour orienter les acheteurs dans leurs futures démarches.

 

Des directeurs d’achats de grandes administrations ou de structures publiques sont ainsi venus parler de leurs partenariats avec de petites PME innovantes dans leurs domaines. Parmi eux, Michel Leroy, de Météo France, a raconté comment une petite entreprise innovante, MODEM, a réussi, petit à petit, à décrocher tout un marché de sondes météos. Également présents pour faire part de leurs expériences, de jeunes chefs d’entreprises qui, à force de détermination et grâce à l’audace de certaines administrations, ont réussi à s’imposer comme fournisseurs de Services publics malgré leur petite taille.

Jean-Philippe Mangeot, fondateur de Trydéa, qui a développé un moteur graphique 3D tournant même sur de vieux postes informatiques, a été choisi par le ministère de l’intérieur pour développer une application d’apprentissage du maniement des armes à feu à destination de la gendarmerie et de la police nationale.

 

Yoram Moyal, fondateur de Buzcard, a développé une carte de visite ré-actualisable grâce à un QR code et un service de profil en ligne. Par le jeu de rencontres, il a noué des contacts avec la DGCIS (Direction Générale de la Compétitivité pour l’Industrie et les Services). Séduite par l’aspect renouvelable des cartes et le côté « durable » de la démarche, cette dernière a passé commande pour ses collaborateurs et, quelques jours plus tard, le Ministère du Redressement Productif a décidé de lui emboiter le pas. Comme quoi l’administration n’est pas toujours inerte lorsqu’elle est face à de bonnes idées.

 

Tout au long de cette journée, des rencontres,de type « Speed Dating » ont été organisées entre les acheteurs publics présents et 80 PME innovantes. Par ailleurs, des ateliers thématiques autour de problématiques concernant le textile innovant, le transport, l’énergie, les outils collaboratifs et la relation avec les usagers ont permis à 25 PME de présenter leurs innovations aux acheteurs publics concernés par leurs solutions.

 

Enfin, pour ne pas que toutes ces bonnes intentions restent au stade de l’intention, le « nouvellement nommé » Médiateur des marchés publics, Jean-Lou Blachier, a annoncé que chaque administration devra préparer un plan d’actions expliquant comment elle compte atteindre l’objectif des 2% d’investissement vers l’innovation, et ses priorités à cet effet.

 

L’enjeu n’est pas des moindres, puisque l’achat public représente 40 Milliards d’euros en 2012 pour l’Etat et les établissement publics et 20 Milliards d’euros pour les Collectivités Territoriales.