Aujourd’hui, après le “Yes, we can” obamesque, la phrase clé du moment (le soundbyte !) serait plutôt : “It’s all about confidence, stupid!” La confiance, c’est elle qui serait le seul ingrédient capable de faire repartir la machine économique mondiale. C’est en tout cas le sens du livre de George Akerlof et Robert Shiller, respectivement professeurs d’économie à l’université de Berkeley et de Yale, récemment publié aux États-Unis et qui est certainement ce que tous les économistes de la planète lisent le plus en ce moment. Son titre exact : Animal Spirits: How Human Psychology drives the Economy and Why It Matters for Global Capitalism. Sa thèse : ce serait la psychologie qui serait le facteur déterminant dans les relations micro ou macro-économiques.
Rien de bien nouveau à première vue, donc, à part que Shiller le démontre par le détail en prenant pour point de départ la grande dépression des années 1930. L’économiste nous apprend que celle-ci a d’abord été causée par le récit de dépressions précédentes. Dans les années 1930, on parlait abondamment des dépressions des années 1870 et des années 1890 qui, chacune, durèrent presque une décennie. Selon Akerlof et Shiller, cela n’a fait qu’obscurcir le paysage de façon irrationnelle, contribuant à prolonger la crise. Quand on n’a plus confiance dans l’économie en général, on arrête de consommer, les entreprises réduisent leurs dépenses et on se retrouve dans un cercle vicieux qui entraîne tout le monde vers le bas. La grande dépression des années 1930 n’a pas seulement pris fin grâce à l’énorme stimulus économique représenté par les dépenses de la Seconde Guerre mondiale.
C’est surtout le retour d’une certaine confiance dans l’avenir qui a été le déclic véritable de la sortie de crise. Pour Robert Shiller, dont le précédent ouvrage sur la crise des subprimes avait aussi été un best-seller, « la confiance ne tient pas au seul fait de dépenser ou de prêter de l’argent. Les gens ont besoin de croire que les investissements représentent quelque chose de plus durable que des incitations économiques qui peuvent au final échouer ». C’est pour ces raisons, poursuit l’auteur dans un article accompagnant la sortie de son livre, « que toutes les intentions exprimées et tous les engagements pris lors du G20 sont importants. Des questions qui pourraient sembler annexes, comme l’aide aux pays en développement ou aux pays pauvres qui souffrent le plus de la crise, feront partie du processus primordial du retour de la confiance, tout comme le plan Marshall a fait partie du même processus après la Seconde Guerre mondiale. »