
L’Association des Utilisateurs de Transport de Fret (AUTF) œuvre chaque jour à l’amélioration de la performance des chaînes logistiques. Face aux nombreux enjeux du monde contemporain, l’AUTF a mis en place le dispositif FRET21 pour aider les entreprises à réduire l’impact environnemental du transport de leurs marchandises. Interview avec Fabrice Accary, Directeur général de l’AUTF (photo plus bas).
Source : LePoint.fr, publié le 21/01/2021
Qu’est-ce que l’AUTF ?
Fabrice Accary : L’AUTF est l’organisation professionnelle des chargeurs. Elle représente l’ensemble des entreprises qui ont des marchandises à faire transporter (import / export / distribution nationale) dans tous les modes de transport (routier, ferroviaire, fluvial, maritime ou aérien).
Multisectorielle et résolument multimodale, l’action de l’AUTF s’inscrit dans une démarche globale d’amélioration de la performance économique et environnementale des chaînes logistiques au service de la compétitivité des entreprises et de l’attractivité du territoire.
Créée en 1993, l’AUTF rassemble aujourd’hui les entreprises, les fédérations professionnelles et les associations régionales qui représentent tous les secteurs industriels.
Vous avez mis en place un dispositif d’engagement volontaire, pouvez-vous nous en dire plus ? Quels sont les enjeux autour de ce dispositif ?
F.A. : Pour aider les entreprises à réduire l’impact environnemental du transport de leurs produits ou marchandises, l’AUTF et l’ADEME ont initié en 2015 le dispositifFRET21 avec l’appui d’une dizaine d’entreprises dont Carrefour, Renault ou encore Saint Gobain. Cette démarche a pour ambition d’inciter les entreprises à intégrer le transport au cœur de leur stratégie RSE. Grâce à un cadre commun et une méthodologie élaborée avec l’ADEME et reconnue par les pouvoirs publics, FRET21 permet aux entreprises de piloter leur plan d’action de réduction de l’impact environnemental de leurs activités de transport et de suivre leurs résultats sur 3 ans.
Cette démarche fait désormais partie intégrante du programme EVE (Engagements Volontaires pour l’Environnement) porté par l’ADEME avec le soutien du ministère de la Transition écologique et solidaire qui est une démarche globale pour développer une synergie vertueuse de l’ensemble des acteurs du secteur en faveur du climat. La réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) du secteur est en effet un enjeu primordial pour atteindre les objectifs fixés par la Stratégie nationale bas carbone (SNBC) avec en ligne de mire la neutralité carbone à horizon 2050.
Pour y parvenir, tous les acteurs de la chaîne de transport se mobilisent et poursuivent les progrès réalisés depuis une vingtaine d’années par le secteur, en particulier par le transport routier de marchandises qui a fait de nombreux efforts pour améliorer sa performance environnementale et qui ne représente plus aujourd’hui que 5,2 % des émissions de GES en France.
Dans ce contexte, nous avons la conviction à l’AUTF que les chargeurs ont un rôle majeur à jouer dans cette transition écologique du secteur et nous les aidons avec FRET21 à devenir des acteurs de ce changement : politique d’achats responsables, refonte des schémas logistiques, basculement des flux aériens vers le transport maritime, pertinence du rail, collaboration entre les acteurs d’une même chaîne de valeur : autant de voies à explorer pour faire émerger des chaînes logistiques durables et responsables.

Quelles sont vos autres missions au sein de l’AUTF ?
F.A. : L’AUTF porte la voix des chargeurs auprès des pouvoirs publics et de l’ensemble des parties prenantes en France et en Europe. Nos adhérents viennent chercher des informations et conseils sur tous les enjeux du secteur du transport de marchandises. L’AUTF assure une veille qui leur permet d’anticiper les évolutions du secteur et favorise l’échange de bonnes pratiques. Tous les modes de transport sont représentés : ferroviaire, fluvial, maritime, routier, aérien. Des commissions transversales permettent d’aborder les sujets liés au commerce extérieur et la douane, la logistique urbaine, la digitalisation des transports. Nos chantiers pour 2021 sont les suivants :
- Participer à l’élaboration d’une fiscalité environnementale qui préserve la compétitivité des entreprises.
- Accompagner la numérisation et la digitalisation des chaînes d’approvisionnement.
- Poursuivre la modernisation des réglementations douanières au service des entreprises.
- Optimiser les transports et mutualiser les flux des industriels pour développer les modes massifiés : fret ferroviaire et fret fluvial avec une sécurisation juridique des pratiques de mutualisation logistique des industriels.
- Améliorer la logistique portuaire par une optimisation des opérations dans les terminaux.
- Homogénéiser les contraintes environnementales dans les zones urbaines et les rendre cohérentes avec les besoins opérationnels dans une perspective de maîtrise des coûts et de la qualité du service.
Le transport de fret et la logistique sont des secteurs en constante mutation devant répondre à de nouvelles problématiques contemporaines, notamment la problématique liée à l’écologie. En tant qu’expert, quelles sont selon vous les perspectives d’avenir pour ces secteurs ?
F.A. : La crise sanitaire que nous traversons a mis en lumière l’importance stratégique du transport et de la logistique pour notre économie. Ce secteur en profonde mutation doit aujourd’hui relever plusieurs défis pour répondre à 3 grands enjeux :
Résilience : l’amplification des menaces et des contraintes géopolitiques ou sanitaires doivent faire partie intégrante de la stratégie des entreprises, le transport et la logistique sont des maillons essentiels de cette résilience.
Développement durable : le transport et la logistique doivent aujourd’hui être au cœur de toutes les décisions stratégiques des entreprises en matière de développement durable pour répondre au défi de la décarbonation et contribuer à la lutte contre la pollution atmosphérique.
Digitalisation : l’intégration de nouvelles technologies et notamment l’Intelligence artificielle vont modifier nos modèles et auront des impacts majeurs sur la modernisation du secteur du transport et de la logistique.
Plus agile, plus connecté et plus résilient, le transport et la logistique de demain seront également plus durables et responsables.