Alain Maurey, Gan Assurances: « L’intéressement reste encore marginal dans la majorité des entreprises françaises »

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L’intéressement reste marginal dans la majorité des entreprises françaises. Il apporte nombre d’avantages aussi bien aux chefs d’entreprises qu’à leurs salariés. Explications avec Alain Maurey, responsable des partenariats chez Gan Assurances.

 

Depuis le 1er juillet 2008, Alain Maurey est responsable des partenariats chez Gan. Diplômé de l’École de commerce et d’administration de Paris et d’un 2e cycle à l’ESSEC, il exerçait auparavant les fonctions de responsable du développement des assurances collectives au sein du groupe Groupama-Gan.

 

Commerce International : Dans les entreprises françaises de moins de 50 salariés, l’épargne salariale et l’intéressement restent encore mal connus des chefs d’entreprise. Pourquoi ?

 

Alain Maurey : « L’intéressement reste encore marginal dans la majorité des entreprises françaises. Bien qu’il y ait 7 millions de salariés concernés, seulement 30 % des entreprises de moins de 50 salariés l’utilisent. Cela tient à des raisons culturelles et aussi au type de relations sociales qui existent chez nous. Les entreprises anglo-saxonnes présentes en France n’ont pas du tout cette réserve, car pour elles, l’intéressement aux résultats est beaucoup plus naturel. Comme c’est un domaine qui reste facultatif, le chef d’entreprise français n’en voit pas l’intérêt ou ne communique pas à ce sujet. Beaucoup ne savent même pas qu’ils peuvent en bénéficier ou ont l’impression que c’est compliqué à mettre en place. C’est dommage, car c’est un outil formidable susceptible de mobiliser les salariés dans des stratégies gagnant-gagnant grâce à l’abondement que les dispositifs permettent. Aussi bien pour les PERCO (plan d’épargne retraite collectif) que pour les PEE (plan d’épargne entreprise). »

 

Y a-t-il des critères qui permettent de dire que l’intéressement est plus efficace que le salaire ?

 

A. M. : « L’intéressement est un outil qui a déjà le mérite d’être flexible et dont la portée, contrairement au salaire, est limitée dans le temps. En termes de gestion du personnel, c’est une source de modernisation du management, car il est possible de choisir les critères de l’intéressement : augmentation du chiffre d’affaires, de la productivité ou de la qualité. Il permet en outre de différencier les critères en fonction de tel ou tel service dans l’entreprise. En termes d’efficacité et de retour pour le salarié, il faut savoir que si l’on distribue 5 000 euros de salaire, seulement 44 % environ va atterrir directement dans les poches du salarié en raison des dispositions sociales et fiscales en vigueur. Dans le cas d’un plan d’épargne salariale avec abondement ou un plan d’épargne retraite, c’est environ 92 % de ces 5 000 euros qui bénéficieront in fine au salarié. Le résultat est clair. »

 

Quels changements apporte la loi du 3 décembre 2008 sur les revenus du travail ?

 

A. M. : « Elle permet à l’entreprise de bénéficier d’un crédit d’impôt de 20 % des sommes dégagées pour l’intéressement lors de la mise en place du dispositif ou de 20 % de l’augmentation d’intéressement par rapport à l’exercice précédent. Si l’entreprise décide par exemple d’y allouer 50 000 euros, le crédit d’impôt sera de 10 000 euros l’année de la mise en place et encore de 20 % sur les augmentations opérées les années suivantes. La cible est par ailleurs étendue aux entreprises de moins de 250 salariés, contre 100 aujourd’hui, et le chef d’entreprise peut lui-même en bénéficier. De plus, la loi assouplit les conditions de mise en place de ces accords en minimisant la lourdeur des procédures de concertation. Elle va donc dans le bon sens, même si la loi instaure pour 2009 une nouvelle contribution de 2 % sur les sommes versées. Elle est la suite logique des réformes précédentes et l’épargne salariale devient de plus en plus une composante variable et collective de la rémunération pour l’entreprise. »

 

Le salarié n’a-t-il cependant pas lieu d’être inquiet en raison de la crise financière ?

 

A. M. : « Les gestionnaires de fonds de retraite ou d’intéressement travaillent par définition à long terme et ne sont donc pas sujets à céder à la panique ou à sacrifier à la dernière mode en matière de placement. Ils n’ont donc pas les mêmes objectifs de rendement à court terme ou de versement de dividende que d’autres gestionnaires. Ces fonds amortissent donc bien mieux le choc que d’autres placements, particulièrement en France, où la situation n’a absolument rien à voir avec ce qui se passe aux USA. De plus, le mode de gestion paritaire – où les partenaires sociaux ont leur mot à dire – offre une garantie supplémentaire de sécurité, de transparence et de pérennité. »