En 2009, l’Afrique du Sud pays a vécu neuf mois de récession continue, une première en dix-sept ans. Outre les mesures de soutien adoptées pendant la crise, le ministère du Commerce et de l’Industrie a lancé, en février, une nouvelle politique d’action industrielle, le plan IPAP2. Sur trois ans, ce programme trace les grands axes de la politique industrielle du pays, via douze secteurs clés de l’économie sud-africaine dont les plus touchés le textile et l’automobile. Quelque 8,2 millions de rands (814 000 euros), sur trois ans, seront donc alloués à ces industries en souffrance. Et 846 millions de rands (soit environ 84 millions d’euros) seront par ailleurs débloqués pour l’amélioration des infrastructures publiques sur le long terme, le soutien à l’emploi et à la production locale.
Le plan vise également les secteurs de l’équipement, les mines, la chimie, les biocarburants, l’industrie forestière, la culture et le tourisme, et l’industrie de pointe comme le nucléaire. « Nous souhaitions que les industries textile et automobile fassent partie du plan. Ce sont elles qui ont le plus souffert de la crise et ce sont des clés pour la reprise de notre économie », analyse Neren Rau, président de la SACCI, la Chambre de commerce sud-africaine.
Pour le reste, le but est d’apporter de la valeur ajoutée aux nombreuses richesses naturelles du pays, notamment l’agriculture et les mines. Pour Neren Rau, « passer de la production de matières premières basiques à l’enrichissement de ce que nous sortons de notre sol » est essentiel. Autre point important : un focus sur les questions environnementales, comme l’a voulu le président Jacob Zuma. « Historiquement, l’Afrique du Sud est l’un des plus gros pollueurs de la planète », souligne Neren Rau.
Au-delà des préoccupations écologiques, le pays souffre toujours d’un problème d’approvisionnement en énergie et le prix de l’électricité ne cesse d’augmenter, pesant sur les budgets des entreprises et des foyers. Mais l’Afrique du Sud a-t-elle les moyens de ses ambitions vertes ? Produire propre rime avec produire cher. Et un problème chronique de compétences semble s’opposer au développement de technologies nouvelles alors que la très grande majorité des chercheurs d’emplois sud-africains n’a pas de qualification.
« Ce sera un vrai challenge », concède Neren Rau. Si le plan vise à enrayer le chômage, c’est avant tout parce que la croissance qui se profile dans le pays ne crée pas les emplois escomptés. Car la crise mondiale n’a pas été tendre avec l’Afrique du Sud : des pertes d’emplois estimées à plus de 2 millions sur 2008-2009 et un commerce international en berne ont plombé le moral des investisseurs. Plus grave, ces deux problèmes majeurs ne montrent pas, pour le moment, de signe probant de reprise.
« L’économie sud-africaine ne se remet pas bien. La reprise correspond à une croissance sans emplois. Si l’économie se relève, elle va être plombée par le coût social du chômage », s’inquiète le président de la SACCI. Selon l’OCDE (Organisation pour la coopération et le développement économique), le taux de chômage atteint 40 % de la population active et 43 % des Sud-africains vivent avec moins de deux dollars par jour.
Un chômage structurellement haut que les politiques de soutien ne parviennent pas à combattre. Et si le secteur de la transformation montre des signes de reprise (+1,1 % fin 2009), celle-ci ne se traduit pas par une hausse des ventes à l’international. La part des exportations par rapport à la production globale est passée de 35 % en 2008 à 26 % en 2009. Même constat pour les importations, dont le ratio est passé de 37 % en 2008 à 26 % en 2009, soit une baisse nette et globale d’activité du commerce international sud-africain. « Cela doit changer », affirme Neren Rau, qui prédit une meilleure situation pour le second semestre de 2010. « Les investisseurs reprennent espoir », affirme-t-il. Mais si au début de la crise économique globale, l’Afrique du Sud se croyait protégée des grands flux mondiaux, la récession qu’elle vient de vivre lui a démontré le contraire. •