À Marseille, une chambre de commerce veut renforcer les échanges commerciaux franco-algériens

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« Il s’agit d’une dynamique globale. Avec la CCI franco-algérienne (CCIFALG), nous essayons d’apporter notre petit plus. » Abderrahmane Seghirate, président élu de cette chambre de commerce créée en octobre dernier à Marseille, confirme une tendance: les relations commerciales entre la France et son pays, l’Algérie, ont repris. « Pour le moment, nous mettons en place un plan d’actions pour l’année 2012. Nous voulons rassembler le plus possible d’entreprises intéressées par le commerce bilatéral. Nous avons un pied à Marseille et un autre en Algérie. De nombreux rendez-vous sont prévus des deux côtés de la Méditerranée pour faire connaître le rôle de la CCIFALG », précise Abderrahmane Seghirate, ancien vice-consul, aujourd’hui à la retraite. La création de cette chambre mixte vient ponctuer une année riche en échanges, notamment des visites officielles croisées.

Objectif: établir des ponts économiques à moyen terme et augmenter l’investissement des PME françaises en Algérie, où la modernisation de l’économie est la priorité affichée du gouvernement. Au niveau consulaire, la dynamique s’est également accélérée. Au mois de février, les autorités algériennes ont octroyé l’agrément à la Chambre algéro-française (CCIAF, ex-CFCIA), basée à Alger. Cette dernière est déjà active, puisqu’elle a entamé en septembre une première mission d’information en France auprès des CCI régionales. Puis, en octobre, le consulat d’Algérie a « facilité » la création d’une homologue en terre marseillaise, la CCIFALG. Avec une croissance de plus de 4% en 2011, des réserves de change avoisinant les 150 milliards de dollars (111,2 milliards d’euros) et un plan quinquennal de 286 milliards de dollars (212,1 milliards d’euros) attractif, le « potentiel » algérien est colossal.

Or la France demeure un partenaire majeur: premier fournisseur, avec une facture de 6 milliards de dollars en 2010 (4,45 milliards d’euros) et quatrième client, avec 4,6 milliards de dollars la même année (3,41 milliards d’euros), selon les chiffres des douanes algériennes. Mais pour faire face à la crise, les autorités algériennes ont procédé en 2009 à une réforme limitant les échanges internationaux, une politique qualifiée de protectionniste par leurs partenaires. Une règle est fréquemment mise en cause: celle des « 49/51 », qui oblige les entrepreneurs étrangers à s’associer avec des actionnaires nationaux. « Chaque pays est souverain. Je ne pense pas que cette loi représente un frein. La preuve, il existe des entreprises installées en Algérie qui prospèrent. Il suffit de gérer cela dans la durée », se rassure-t-on à la CCIFALG.

En 2011, 430 entreprises françaises opéraient en Algérie, mais les investissements demeurent relativement faibles. D’où l’encouragement à investir dans le développement du pays diffusé par Ubifrance (Agence française pour le développement international des entreprises) et sa mission économique en Algérie. Le chantier est important, car les entreprises françaises bloquent souvent sur la législation algérienne, réputée instable. La CCIFALG entend jouer un rôle de « facilitateur » sur cette question. « Notre rôle consiste à rassurer et accompagner les entreprises », précise Abderrahmane Seghirate. Sur la Canebière, où les réformes algériennes de 2009 ont eu un fort impact, la relance des échanges avec le voisin algérien s’avère nécessaire. Les chiffres du premier semestre 2011 communiqués par le grand port maritime de Marseille indiquent une baisse considérable du trafic (hors hydrocarbures) avec celui-ci, pourtant second partenaire conteneurisé du port. Les entrées d’or noir en provenance d’Algérie ont toutefois augmenté durant les événements politiques en Libye, permettant ainsi au port de maintenir la stabilité du trafic malgré la baisse des importations algériennes.

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