A la tête de l’UE, la Pologne veut remettre l’Europe sur les rails du développement économique et politique

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Andrzej Szteliga, ministre-conseiller chef du service de la promotion et des investissements à l’Ambassade de Pologne en France
La Pologne a pris les commandes de l’UE le 1er juillet. Quelles seront ses priorités et dans quel état se trouve l’économie polonaise après la crise ? Réponses avec Andrzej Szteliga, ministre-conseiller chef du service de la promotion et des investissements à l’Ambassade de Pologne en France.

Docteur en Sciences économiques de l’Académie économique de Katowice, diplômé en journalisme de l’Université de Varsovie et en perfectionnement au protocole de l’Académie diplomatique internationale de Paris, Andrzej Szteliga a accompli la majeure partie de sa carrière dans les domaines du commerce extérieur, de l’administration gouvernementale et de la diplomatie économique. Il a aussi été maître de conférences à l’Université polytechnique de Silésie et à l’École supérieure de commerce de Katowice. Il est depuis 2007 ministre-conseiller au poste de chef du service de la Promotion du commerce et des investissements à l’Ambassade de Pologne en France. Il exerce, par ailleurs, la fonction honorifique de délégué de la Pologne auprès du Bureau international des expositions (BIE) à Paris.



 

Commerce International : Comment a évolué l’économie 
polonaise depuis la chute du régime communiste en 1989, et quel a été l’impact de la crise économique internationale ?


Andrzej Szteliga : « L’entrée de la Pologne dans l’économie de marché a évidemment modifié en profondeur le paysage économique polonais. Le deuxième tournant important a eu lieu le 1er mai 2004 avec l’adhésion de la Pologne à l’Union européenne, qui a marqué le début de changements profonds et de réalisations d’envergure pour le pays. La croissance moyenne de l’économie polonaise de 1998 à 2008 a été de 5 % par an. En 2009, la crise économique mondiale a ralenti cette tendance positive, et la croissance n’a pas dépassé 1,7 %. Mais cette année-là, la Pologne n’en demeurait pas moins le seul pays de l’UE à enregistrer un taux de croissance positif. »

 


Les indicateurs économiques nationaux sont-ils rassurants aujourd’hui ?


A. S. : « L’année dernière, le PIB polonais a encore augmenté de 3,8 % et les spécialistes estiment que la croissance sera de 4 % en 2011. L’inflation du zloty est restée au niveau de la moyenne européenne (+3 %) et le chômage a baissé pour atteindre 11 % de la population active. Le pouvoir d’achat a progressé grâce à une hausse des salaires et le salaire mensuel moyen s’élève en Pologne à 850 euros désormais. L’indice de développement humain (IDH) a aussi progressé et permet à la Pologne de se classer parmi les pays à IDH élevé. Il faut voir dans ces résultats encourageants les effets positifs du processus de réformes et de profonds changements opérés dans l’industrie, l’agriculture et les finances publiques. C’est aussi parce que nous avons réussi à assainir notre économie que l’UEFA a décidée de nous attribuer l’organisation du championnat d’Europe de football 2012, que nous co-organiserons en juin prochain avec l’Ukraine. »

 


De quels moyens financiers dispose le gouvernement polonais pour poursuivre dans cette voie ?

A. S. : « Le gouvernement actuel a entrepris un programme de réformes ambitieuses visant à combattre la crise économique par l’introduction du Plan de Stabilité et de Développement (d’un montant de 20 milliards d’euros). Ce document contient les éléments des garanties pour les banques, de soutien à la création et fonctionnement de PME (les crédits préférentiels), de la réalisation d’investissements publics cofinancés par l’UE, de la modification du système des impôts (TVA). L’autre document gouvernemental concerne l’application du nouveau Plan de Privatisation, dédié spécialement aux entreprises étrangères, surtout sous forme de partenariat public-privé. Par ailleurs, une hausse de la demande sera rendue possible par une gestion performante des fonds structurels de l’UE ; le montant des fonds européens pour la période 2007-2013 – prévus en tant que subventions pour la Pologne – s’élève à 95 milliards d’euros, dont 30 % proviennent du budget polonais. »

 


La Pologne peut-elle attirer encore plus d’investisseurs étrangers et, si oui, comment ?


A. S. : « La Pologne reste un pays qui attire des investisseurs étrangers grâce à ses atouts : une croissance économique stable, un positionnement géographique stratégique et avantageux en Europe (entre l’Est et l’Ouest), un grand marché ouvert avec 38,5 millions de consommateurs, une main-d’œuvre hautement qualifiée, efficace et compétitive, une solide présence des sociétés étrangères et une bonne utilisation des fonds structurels de l’UE. La Pologne se présente comme un pays émergent, relativement moins sensible aux crises économiques, attractif pour les affaires (commerce, production, investissement), capable d’affronter avec succès la concurrence internationale. En tant que membre de l’UE, de l’OCDE, de l’OMC et de l’OTAN, la Pologne est un partenaire fiable en matière des affaires internationales. »

 


La Pologne est à la tête de l’UE pour six mois. Quelles seront les priorités de la présidence polonaise ?


A. S. : « L’objectif sera de remettre l’Union européenne sur les rails du développement économique et politique en se concentrant sur les trois priorités suivantes : l’intégration européenne en tant que source de croissance, une Europe sûre et une Europe qui bénéficie de l’ouverture. En matière économique, la palette des objectifs à atteindre est assez large : la perspective budgétaire de l’UE pour les prochaines années, le marché intérieur unique, la PAC, la sécurité énergétique, la politique de la cohésion, l’élargissement de l’UE… Le gouvernement polonais est persuadé qu’après la crise, il faut élaborer un nouveau modèle de croissance grâce auquel l’UE pourrait s’assurer pour les prochaines décennies un développement économique durable suffisant pour garantir le bien-être de ses habitants. Un des outils pour s’assurer ce développement économique devrait être le nouveau budget de l’UE pour les années 2014-2020. Le renforcement de la gouvernance économique au sein de l’UE sera une tâche fondamentale de la présidence polonaise dans le secteur de l’économie et des finances. La présidence soutiendra les actions et les propositions visant à améliorer la régulation et le contrôle des marchés financiers, ainsi que les mécanismes de gestion qui puissent assurer les marchés financiers contre les effets négatifs des crises et affermir leur stabilité. »

 


Comment la Pologne compte-t-elle achever la construction du marché intérieur unique ?


A. S. : « La présidence polonaise aura pour but d’achever la construction du marché intérieur unique, afin de mettre pleinement à profit son potentiel. Dans ce cadre, le gouvernement polonais souhaite travailler à l’amélioration de la situation des petites et moyennes entreprises, et, notamment, sur la question de leur accès au capital ; donc, il soutiendra les initiatives de la Commission européenne relatives à la facilitation de l’accès aux marchés de capitaux et aux fonds de capital-risque, ainsi qu’au soutien des PME sur les marchés tiers. La présidence s’efforcera également de faire aboutir les travaux sur la création d’un système de brevets bon marché et accessible à toutes les entreprises européennes. Un accent particulier sera mis sur le développement des services électroniques. »

 


En matière de politique énergétique pour l’UE, quelle sera la position de la Pologne ?


A. S. : « La Pologne considère qu’il est nécessaire de trouver des solutions pour renforcer la politique énergétique extérieure de l’UE. Le gouvernement polonais est convaincu que la position de l’Union face aux principaux producteurs, consommateurs et pays de transit des matières premières énergétiques peut être significativement renforcée en adoptant des mesures permettant un fonctionnement plus efficace de l’UE dans le milieu énergétique international. »

 


La PAC prendra fin en 2015. Quelles seront les principales mesures prises par la Pologne dans ce domaine ?


A. S. : « Notre gouvernement estime également que le renforcement de la sécurité de l’Europe passe par une Politique agricole commune (PAC) réformée, utilisant efficacement les fonds communautaires. La consolidation de la PAC devrait maintenir son orientation vers le marché, prendre en compte les biens publics – y compris la sécurité alimentaire et le développement plurifonctionnel de l’agriculture et du monde rural – et en effet lui assurer une plus forte compétitivité. La question des paiements directs et celle du soutien au développement rural seront des éléments-clés de la PAC. »

 


Quelle sera la position de la Pologne concernant les futurs élargissements de l’UE, ainsi que plus généralement en politique étrangère ?


A. S. : « Notre pays prendra des mesures visant, entre autres, à élargir l’espace des valeurs et des régulations européennes, en continuant d’élargir l’UE et en développant la coopération avec les pays voisins. n des objectifs majeurs sera de finaliser les négociations d’adhésion avec la Croatie, de poursuivre les négociations avec la Turquie, de faire avancer les négociations avec l’Islande et d’encourager les aspirations européennes des États des Balkans occidentaux. La construction d’un espace de libre-échange avec les États du partenariat oriental contribuera à l’élargissement de l’espace où les règles et les principes européens sont en vigueur. Le gouvernement espère aussi qu’il sera possible, lors de la présidence, d’établir de nouveaux cadres de coopération entre l’UE et la Russie. En plus, notre gouvernement va apporter le soutien aux transformations démocratiques des pays du sud de la Méditerranée. »

 


Y a-t-il d’autres mesures importantes prévues par la présidence polonaise de l’UE ?


A. S. : « La présidence polonaise se concentrera aussi sur le renforcement des capacités militaires et civiles de l’UE (y compris des frontières sûres) et sur le maintien d’un dialogue direct de l’UE avec l’OTAN. S’agissant de la politique commerciale commune, il sera essentiel de finaliser l’actuel cycle de négociations multilatérales dans le cadre de l’Organisation mondiale du commerce – cycle de Doha (libéralisation du commerce, subventions à l’agriculture, droit des brevets, régulations antidumping, et protection de la propriété intellectuelle). »



De plus amples informations sont disponibles sur le site Internet : http://prezydencjaue.gov.pl/fr/.

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